Le Festival de Cannes 1939 est lancé ce mardi, en parallèle au cinéma des Carmes et au théâtre d’Orléans. Bon vent à ce festival qui en appelle d’autres côté cinéma. Car de ce point de vue, la Région centre Val de Loire n’est pas très fournie, c’est le moins que l’on puisse dire.
Dès 9 h 30, aux Carmes donc, « la Grande solution » du cinéaste de l’ancienne Tchécoslovaquie, Hugo Hass, d’après l’œuvre théâtrale de Karel Čapek, « la Maladie blanche ». Il s’agit d’une dénonciation de la montée du nazisme (le film a été créé en 1938), la volonté du dictateur de faire la guerre à un petit pays pour l’annexer, avec l’assentiment plein et entier du peuple. Mais une peste blanche se déclare emportant hommes et femmes de plus de 50 ans. Seul, un médecin des pauvres en connaît le remède. Il refuse alors de soigner les riches et exige pour communiquer la formule du médicament, que les puissants de ce monde s’engagent pour la paix. Evidemment, l’industriel qui produit les armes, puis le dictateur en seront atteints.
C’est donc sous forme de conte que Hugo Hass traite le sujet, en contournant l’actualité politique de l’époque, que quelques années plus tard, Chaplin traitera beaucoup plus directement avec « le Dictateur ».
La fin, sorte de Happy-end, était sans doute une tentative désespérée et vaine pour faire comprendre au Fürher le chemin de la paix et du paradis, Dieu étant largement invoqué, ou simplement éviter la censure, voire les camps de la mort. On comprend que le film n’ait pas eu le succès espéré à la Libération en France. Mais aujourd’hui, il reste un film à aller voir, d’autant qu’il a été rénové, et donc comme neuf.
Transfert au Théâtre avec « Monsieur Smith au Sénat » de Frank Capra. Si à l’époque, il fut très mal reçu par les médias et le monde politique aux USA, on comprend aussi pourquoi. Il s’agit d’une dénonciation du monde politique dans son pays d’adoption, où voleurs et escrocs font régner leur loi en envoyant au Congrès, des marionnettes qui sont aux ordres des premiers, et en contrôlant toute la presse à leur service. Et Capra ne prend pas de pincettes.
James Stewart et Jean Arthur forment un duo éblouissant dans ce monument du cinéma américain, le premier s’occupant de scouts et se retrouvant par hasard Sénateur au Congrès à Washington, la seconde étant sa secrétaire. Et quand on veut faire voter une loi permettant la construction d’un camp scout près d’un torrent, on se doute que ceux qui veulent y édifier un barrage ne l’entendent pas de cette oreille. C’est plein d’humour, mais le discours final vaut son pesant d’or. Bien sûr, les idéaux de Lincoln et ceux qu’on appelle les Pères fondateurs sont idéalisés (bon, nous sommes en Amérique !). Bien sûr, les deux héros s’aimeront (Nous sommes toujours en Amérique). Mais ce film qui dénonce ceux qui gouvernent comme des gens ne se souciant aucunement du peuple tout en se remplissant les poches, me fait penser au dernier Costa-Gavras, « Conversations entre adultes ».
Direction la cérémonie d’ouverture.
Cérémonie très émouvante en présence des deux filles de Jean Zay, présentée par Alex Lutz qui fut d’une sobriété exemplaire, juste comme il faut. En présence de cinéphiles, mais aussi de curieux qui partirent sans attendre le merveilleux film qui allait suivre. Ainsi que de prochains candidats aux municipales orléanaises (il faut se faire voir). Et même d’un bébé qui se mit à pleurer !!!
Eisenstein entra en scène avec « Alexandre Nevski », contant la victoire des russes commandés par le Prince qui a donné son nom au film, face à l’envahisseur allemand, ceci au 13ème siècle. Images splendides de ces armées, l’une professionnelle avec armures et casques incroyables, l’autre composée de paysans défendant leurs terres et leurs villes.
On comprend dès lors que le film, sur commande spéciale de Staline, lui ait particulièrement plu. La musique de Prokofiev et les chœurs ajoutent un côté grandiose à ce chef d’œuvre, même s’il faut reconnaître que ce n’est pas le meilleur d’Eisenstein, on sent la commande et la rapidité avec laquelle la film fut réalisé.
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