vendredi 22 novembre 2019

Histoires de fenêtres sur le franquisme...

Le Théâtre de la Tête Noire programmait cette semaine, un diptyque créé par la Compagnie Anda Jaleo, basée à Villeurbanne, et travaillant sur les thèmes « de la condition des femmes, de l’exil, du phénomène de bouc émissaire, des politiques sécuritaires », en s’appuyant essentiellement sur des témoignages et mêlant théâtre, danse et chant.

La soirée regroupait deux spectacles n’en formant finalement qu’un seul, centré sur le franquisme et l’après franquisme, le sort réservé à celles et ceux qui ont fui vers la France, les « camps de concentration » en France durant l’occupation, puis la vie de la jeunesse espagnole née en Espagne ou France, mais vivant en deçà des Pyrénées.

En première partie, « J’ai muré les portes et les fenêtres ». Une femme est seule sur le plateau (Mathilde Ménager) et répond aux questions posées par un spectateur (Jean Lacroix) perdu dans le public.  Elle a vécu la guerre civile étant enfant, son père étant de gauche, socialiste, lequel devra fuir devant l’armée franquiste, c’est aussi une seconde femme qui raconte, les deux témoignages se croisant, entrecoupés de chants et de danse flamenco. C’est beau, mais seul, le spectacle semble un peu léger.

Après l’entracte, en seconde partie, « Qu’on rouvre les fenêtres » donne la parole à trois jeunes (Mathilde Ménager, Valentine Chomette et Jean Lacroix), lesquels évoquent la jeunesse espagnole vivant en France, s’interrogeant sur ses racines binationales, ayant délaissé le flamenco pour les danses plus actuelles. Une malle sur le plateau d’où chacun extraie un objet, qui une poêle, qui une poupée, symbolisant les souvenirs qui s‘effacent au gré du temps qui passe. Dans une dernière image, ce sont de multiples feuillets qui s’envolent de la malle et inondent la scène, métaphorant ce que les militants républicains qui s’exilèrent en France ainsi que leurs familles, ont apporté à notre pays (dont un premier Ministre, lequel est retourné là-bas d’ailleurs). Une seconde partie beaucoup plus alerte, plus vive, plus joyeuse, qui couplée à la première, donne un spectacle de belle ampleur.

C’était d’ailleurs la première fois que la Compagnie présentait ce diptyque en une seule soirée, avec un grand bonheur qui se lisait sur le visage des trois artistes. Une très belle réussite, manifestement les fenêtres étaient grandes ouvertes sur le théâtre qui provoque la réflexion du public !

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