mercredi 9 octobre 2019

Un tandem improbable entre un maire et une "philosophe"

Nicolas Pariser nous propose « Alice et le Maire », présenté au Festival de Cannes dans la Quinzaine des Réalisateurs d’où il est reparti nanti du Prix Label Europa, décerné par un Jury représentant plusieurs Festivals de cinéma européen.

J’avoue avoir été un peu hésitant avant de m’y rendre, le thème pouvant déraper vers la caricature, voire la niaiserie. Au contraire, c’est une fine analyse de l’univers politique au sein de la municipalité d’une grande ville à laquelle nous assistons, avec références littéraires à la clé, ambition d’un homme, d’une équipe, vers les plus hauts sommets de la République.

Le Maire de Lyon (il ne semble pas y avoir un quelconque parallèle tracé avec l’actuel Maire et ancien Ministre de l’Intérieur) ne trouve plus d’idées nouvelles dans la gestion politique de sa ville. C’est pourquoi il fait appel à une jeune doctorante en philosophie, chargée de les lui trouver. Son premier travail consiste à rédiger des notes pour le Maire au sein d’un petit bureau, mais bien vite, s’abat sur elle un flot de responsabilités ainsi qu’un vaste bureau, ce qui provoque pas mal de jalousie dans l’équipe, Alice apparaissant comme l’égérie du Maire.

Dans une dernière partie, le Maire annonce à son cabinet qu’il renonçait au fauteuil de Maire pour postuler à la Présidence de la République, bien qu’auparavant, il doive obtenir lors du Congrès de son Parti (le Parti socialiste), l’investiture qu’il n’aura pas suite à un coup tordu de ses opposants.

Nous sommes dans un milieu de la gauche socialiste. Les références aux valeurs de cette gauche sont nombreuses, ce qui peut dérouter un certain électorat. Nicolas Pariser n’a pas choisi un sujet facile où les embûches sont nombreuses. Et pourtant, il s’en sort admirablement bien. Sans doute, la prestation de Fabrice Luchini, exceptionnel dans le rôle du Maire, y est pour beaucoup. Mais les dialogues d’une très grande richesse donnent à ce long métrage, une qualité qu’on n’attendait pas forcément. Anaïs Demoustier dans le rôle d’Alice, apporte sa touche personnelle et forme avec Luchini, un tandem des plus improbables, fort bien complété par des seconds rôles au sein duquel Nora Hamzawi en DirCab émerge de manière remarquable.

1 commentaire:

  1. Un film bien rythmé avec un duo effectivement improbable mais réussi.
    La question de l'engagement tiraillé entre répondre aux attentes des citoyens et les pouvoirs des "boites de com'", ou d'entreprises avides de nouveaux marchés nous montre les coulisses d'une fonction politique où pèsent souvent le discrédit. Les dialogues et références littéraires sont un régal.
    Ce film me donnerait presque envie de participer activement à la vie municipale de ma commune loin d'être celle de Lyon...

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