mercredi 16 octobre 2019

Que sont devenus les amours passés ?

Christophe Honoré est un des tous meilleurs cinéastes français. Pensons, ces dernières années, à « Plaire, aimer et courir vite »  ou, « les Malheurs de Sophie », deux films qui nous enchantèrent. Avec « Chambre 212 », il met la barre encore plus haut dans le registre du film d’auteur, en plongeant 20 années en arrière, et même un peu plus, dans la vie d’un couple, qui approchant la cinquantaine, ne sait plus s’il doit se séparer ou repartir vers des aventures communes.

Maria et Richard, couple de classe moyenne supérieure, est en crise, lui découvrant l’infidélité de sa femme. Celle-ci décide de passer la nuit à l’hôtel, l’appartement du couple et la chambre 212 se faisant face de chaque côté de la rue, dans laquelle un cinéma déploie ses lumières, chacun voyant ce qui se passe de l’autre côté, en face quoi. Et il s’en passe des choses !

Christophe Honoré a eu l’idée, qui peut paraître absurde, de faire cohabiter les 2 Richard à 25 ans d’intervalles, celle que Richard a aimé autrefois prénommée Irène en triple ou en quadruple, on ne sait plus, à différents âges de sa vie, et même de faire apparaître un bébé, celui que Richard aurait voulu avoir, mais que Maria ne voulait pas, enfin un personnage énigmatique représentant l’âme de Maria, sa volonté, sa morale, en quelque sorte son subconscient, voire son âme damnée. Et tout ce joli monde de passer de la chambre 212 à l’appartement, et vice-versa.

Honoré exhume le passé, les amours ratés, les envies inabouties, ce qu’on aurait pu faire et qu’on n’a pas fait, un détail qui aurait pu changer sa vie, et comme le dit je ne sais plus qui, « il est toujours difficile de deviner ce qui nous rendra heureux ». C’est l’hiver, la neige tombe, ce sont peut-être les années qui passent doucement sans qu’on s’en aperçoive, la plume tombe aussi dans l’appartement, c’est la douceur de vivre un amour à deux.

Une bande son des plus réussie, avec le poème d’Apollinaire, « Sous le pont Mirabeau », chansons d’Aznavour, de Ferrat, et d’autres. Et surtout une équipe d’acteurs dirigés superbement par Christophe Honoré. Citons Benjamin Biolay (Richard aujourd’hui), Vincent Lacoste (Richard 25 ans de moins), et surtout Chiara Mastroianni dans le rôle de Maria, la seule à ne pas avoir de double, sorte de pivot dans le film. Présenté à Cannes dans la section « un certain Regard », la divine Chiara obtient le Prix d’interprétation.

Au final, dans une image fixe, Maria (Chiara) file sur le trottoir, et soudain jette un regard oblique. Sur un beau jeune homme, futur amant ? Au générique, Christophe Honoré remercie ceux qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est, des monuments du cinéma, j’ai repéré Woody Allen et Ingmar Bergman.

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