mercredi 4 septembre 2019

Deux mondes face à face

Rebecca Zlotowski présentait « une Fille facile » lors du dernier festival de Cannes dans la Quinzaine des Réalisateurs, où elle a obtenu le Prix SACD. Rebecca Zlotowski, on la connaît notamment pour « Grand Central » sorti en 2013 qui situait l’action dans une centrale nucléaire et qui ne m’avait pas laissé grande impression.

« Une fille facile », c’est d’abord Zahia Dehar, ancienne prostituée de luxe encore mineure, ce qui a valu quelques ennuis judiciaires à des footeux connus. C’est ensuite un mannequin, aujourd’hui une actrice. Reconnaissons sans outrager les féministes, que sa voix langoureuse, son corps, son visage, ses yeux et ses lèvres ont de quoi faire damner tous les Saints. C’est Bardot dans sa jeunesse. Pour le reste, avouons qu’elle n’a pas fait étalage de quelque talent cinématographique, on attendra un autre film avec un autre rôle, pas celui pour lequel la presse people la connaît.

Parlons du film. Naïma, 16 ans, sort du lycée, c’est les vacances d’été, elle vit à Cannes, c’est son anniversaire, ses copains ont fait un gâteau avec bougies, on lui offre quelques billets, on s’est cotisé. Son copain veut devenir acteur, elle l’aide à préparer une audition. Survient sa cousine, Sofia (Zahia Dehar), qui, loin d’être stupide, elle peut citer Duras, l’entraîne sur la plage où croise un yatch qui accoste. A son bord, deux personnages : l’un, millionnaire qui a tôt fait de mettre Sofia dans son lit, l’autre, un étrange entremetteur qui, semble-t-il, a pour mission de faire se rencontrer les gens riches à millions. Naïma observe un monde qu’elle ignore, profite des largesses financières obtenues par sa cousine, est tentée de la suivre sur le chemin sexuel, mais sans succès.

In fine, Naïma retourne dans son monde, celui où on a un travail (Zlotowski cite Pascal à ce sujet), avec quelques souvenirs d’un autre monde qu’elle aura côtoyé l’espace de quelques jours.

Si le scénario est bien léger, « une Fille facile » a le mérite de mettre face à face deux mondes, deux classes en termes marxistes. L’image, peut-être la plus forte, se passe dans un restaurant, celui où Naïma devait travailler pendant ses vacances. On a d’un côté les convives, ceux qui possèdent la finance en compagnie des deux cousines. On mange, on boit, on rit, on se gave, sous l’œil réprobateur du personnel de cuisine. Ceux-là ne disent rien, mais on les sent en colère devant un monde qui les ignore. Gare à la révolte !

Quant à Benoît Magimel dans le rôle de Philippe l’entremetteur, il livre une excellente partition en protecteur de Naïma. Au service d’une classe qui n’est pas la sienne, il en impose !

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