jeudi 11 juillet 2019

Le monde en pleine Odyssée encore aujourd'hui

En avril 2018, je m’étais rendu à Berthier (Odéon) pour « Ithaque, notre Odyssée » de la brésilienne et francophone Christiane Jatahy, premier volet d’un diptyque consacré aux migrants à travers l’œuvre d’Homère. Avignon 2019 nous livre le second volet, attendu un peu comme le messie, « Le Présent qui déborde – Notre Odyssée II ».

On sait que Christiane Jatahy est une utilisatrice éprouvée de la vidéo au théâtre. Dans ce second volet, c’est un film complet qu’elle nous projette sur écran géant. Jatahy nous promène au Liban, au Brésil, au Congo, celui qui au temps de la colonisation belge était la propriété personnelle du Roi des belges, à la rencontre de celles et ceux, maltraités par les puissants, torturés dans les geôles sans savoir pourquoi, ou comme au Brésil, aux côtés des indiens d’Amazonie dont la forêt est livrée aux pilleurs par le gouvernement actuel. L’artiste brésilienne fait raconter à l’un d’eux, l’histoire d’Ulysse, comme pour nous dire que rien n’est nouveau, que l’histoire se répète invariablement, que nous sommes tous Ulysse (formule un peu facile, certes !). Mais elle filme aussi des enfants lisant Homère, s’interrogeant sur la signification du texte et dégageant une profonde chaleur humaine. Façon de ne pas tout peindre en noir et de dire que l’avenir appartient à celles et ceux qui voudront bien s’en emparer.

Mais Jatahy n’en reste pas là : dans la salle, émergent les personnages du film, ils chantent, dansent et entraînent la salle sur leurs pas. Il fallait voir les gradins gagnés par cette fête musicale, dansée aux rythmes africains et brésiliens !

Moments émouvants furent d’une part, le témoignage de cette jeune femme, présente dans la salle, emprisonnée en Syrie des mois durant parce qu’elle y était retournée à la recherche de son père, et de ce vieil indien qui avait entendu parler du crash de l’avion, en Amazonie, dans lequel se trouvait le grand-père de Jatahy.

Tonnerre d’applaudissements à la fin de cette Odyssée. Mais devant autant de malheurs humains, la question se pose : que peut-on faire, nous, installés dans nos fauteuils en Avignon ou ailleurs, pour mettre fin à tout ça ? On n’a pas de réponse !

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