samedi 1 juin 2019

Une Palme d'or pour le cinéma coréen

La Palme d’or a donc été attribuée pour la première fois à un cinéaste de la Corée du Sud, Bong Joon-Ho et son film « Parasite », par le réalisateur mexicain Iñárritu et son Jury, à l’unanimité, a-t-il été dit. Décision qui n’a souffert aucune contestation chez les critiques, pour une fois !  Enfin, ajouterai-je, tant le cinéma coréen se place tout en haut de l’affiche depuis déjà pas mal d’années. Mais je continue à penser que l’an passé, « Burning » du sud-coréen Lee Chang-Dong était le meilleur long métrage en Compétition officielle. Il était reparti bredouille. On pourrait penser qu’il s’agit maintenant d’une injustice réparée pour le pays du matin calme.

Mais revenons à « Parasite ». Les premières images nous montrent une famille sans travail, mais non sans débrouilles tant leur savoir-faire dans ce domaine est immense. Elle vit dans une cave, une fenêtre en hauteur leur offre une vue imprenable sur la rue, notamment quand quelqu’un vient uriner devant eux. Le hasard permet au jeune fils, qui voudrait bien continuer ses études, mais qui ne peut faute d’argent, de servir de prof d’anglais à une jeune fille d’une très riche famille, logeant dans une sorte de palais, enfin ce qui ressemble à un palais pour un jeune désargenté. La débrouille et l’arnaque feront que les 4 membres de la famille, père, mère, fils et fille, vont intégrer et s’immiscer au sein de cette autre famille accueillante. L’un est donc prof d’anglais, la fille « prof d’art-thérapie » s’occupe du jeune garçon qui ne pense qu’aux indiens avec arc, flèches et tente, le père est chauffeur de Monsieur et la mère cuisinière-gouvernante. La suite pourrait être un rêve si des catacombes du palais ne surgissait plus malheureux qu’eux.

Et quand il n’y a pas place pour deux familles pauvres afin de se partager les miettes du festin, il va bien falloir que l’une des deux cède la place à l’autre. Ce qui ne va survenir sans heurts ni malheur !

Bong Joon-Ho traite le scénario avec un humour débridé, jusqu’au final où l’on ne rit plus du tout ! Il a créé une œuvre, sorte de parodie de la lutte des classes, où le spectateur assiste impuissant, à la lutte à mort entre pauvres pendant que les riches s’empiffrent de gâteaux dans un jardin d’Eden coréen. Bong Joon-Ho multiplie les métaphores, mot qui revient plusieurs fois dans le film, notamment concernant les strates de la pauvreté qui font que plus on est malheureux, plus on s’enfonce profondément dans des souterrains. De même, les pluies torrentielles qui recouvrent les bas quartiers, donc ceux des pauvres, pourraient symboliser tous les fléaux que les riches évitent et qui s’abattent sur les pauvres, bonne ou mauvaise santé selon qu’on a l’argent pour se soigner ou non.

Entouré d’une équipe d’acteurs et d’actrices au plus haut niveau, Bong Joon-Ho a réalisé une œuvre politique tout en ayant l’intelligence de contourner le thème de la lutte des classes et d’en faire un film grand public. Après, chacun lit ce qu’il veut. Le film se termine sur le rêve qu’a tout pauvre de devenir riche, mais on sait ce qu’il en est de ces rêves…

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