Une purge signée Téchiné

Dernier film d’André Téchiné avec Catherine Deneuve, « L’Adieu à la nuit » conte les relations entre une grand-mère, qui dirige un centre équestre quelque part près des Pyrénées, et son petit-fils devenu adulte. Ce dernier de passage dans la région fait croire à un départ au Canada, alors qu’avec sa copine Lila, tous deux s’apprêtent à partir en Syrie combattre aux côtés de Daesh. La grand-mère découvre le pot aux roses et tente d’empêcher la catastrophe imminente.

Disons tout de suite qu’il s’agit d’une purge cinématographique. Alors qu’il eût fallu décrypter en profondeur les raisons psychologiques qui amènent Alex, le petit-fils, à se convertir de l’athéisme au salafisme, il n’y a rien. Tout au plus, on apprend que la mère d’Alex est morte lors d’une plongée en mer et qu’Alex soupçonne autre chose, on ne saura rien de plus : c’est bien faible comme explication. Téchiné oppose une fête familiale où l’on boit de l’alcool évidemment, où l’on danse et chante, à un rite salafiste où l’on psalmodie, invoquant Allah à tous moments, avec quelques barbus pour faire vrai. Un peu gros !

Quant aux acteurs, d’un côté trois futurs militants de Daesh qui ont tout l’air de jeunots qu’on a peine à prendre au sérieux, de l’autre Catherine Deneuve, laquelle ne dégage plus la moindre émotion, apparaissant d’une platitude totale. Mais où est donc la Deneuve de notre jeunesse, quand elle tournait « Belle de jour » avec Buñuel ?

Téchiné ose tout : in fine, Deneuve ira chercher de l’aide chez un ancien salafiste reconverti en père modèle, lequel lui redonnera la parole et le goût d’écrire après que le petit-fils ait été arrêté par la police, laquelle veille au grain, et grâce à qui, Français, vous êtes en sûreté ! On sent que la grand-mère pourrait bien échanger son petit-fils en prison pour un autre revenu dans le droit chemin.

Il y en a qui devraient prendre leur retraite !