Après « Que Dios nos perdone » en 2018, Rodrigo Sorogoyen nous propose « El Reino », « le Royaume », toujours avec son acteur fétiche, Antonio de la Torre.
Nous sommes quelque part dans une province espagnole où règne, quasi sans partage, un Parti de Droite qu’on ne nomme pas, mais qu’on devine. Tous ses responsables sont corrompus à l’image de Manuel, une épouse et une fille ado, pour lesquelles rien n’est trop beau. Mais la justice bien renseignée met Manuel en accusation, le procès étant fixé dans un délai de trois semaines. Quelles échappatoires a-t-il à sa disposition, rejeté par les caciques madrilènes et tous ses anciens amis, pour éviter la prison ou l’assassinat s’il parle trop ? Car il faut sauver, et le Parti, et le gouvernement, et le Royaume. On ne saurait laisser un responsable régional du Parti tout déballer en public !
Le réalisateur espagnol mène son enquête à un train d’enfer durant plus de deux heures, décortiquant les fondements de la corruption généralisée des plus riches. Antonio de la Torre réussit une performance appréciable dans la guerre qu’il va livrer afin de ne pas payer seul la pourriture de la société politique. Quelques moments particulièrement jouissifs, et je pense, entre autres scènes, à celle sur le balcon où Manuel enregistre les aveux de corruption d’un de ses complices à son insu.
Sans dévoiler la dernière scène, disons que Rodrigo Sorogoyen, s’il dénonce cette corruption des riches, s’il renvoie Manuel devant un miroir face à ses quinze dernières années où il a pu s’enrichir sur le dos des pauvres, n’oublie pas que les médias sont aux mains des milliardaires, qui en tant qu’actionnaires, contrôlent la Presse. Lequel est les plus pourri, semble-t-il s’interroger ? Le milieu des Médias ou le milieu politique ? En France, on connaît : de Libération au Figaro, en passant par le Monde, TF1, l’Express ou SFR, ce sont des milliardaires qui tirent les ficelles derrière des journalistes.
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