A grands renforts de publicité, ceux et celles qui n’en avaient pas entendu parler doivent vivre sur une autre planète (clin d’œil à une séquence vers la fin du film), le dernier long métrage de Jim Jarmusch, « The Dead don’t die », ouvrait le Festival de Cannes et était projeté simultanément dans plus de 600 salles en France, dont 6 dans le seul Loiret.
J’aime le cinéma du réalisateur US et ne fus pas déçu. Ses deux derniers films, « Only lovers left alive », histoire d’amour entre deux vampires, et plus récemment « Paterson », amour, poésie et semainier, m’avaient enchanté. Si l’histoire est différente, on retrouve les grands thèmes chers au cinéaste indépendant qui vécut et découvrit la nouvelle vague en France dans les années 70. Sonnette d’alarme face au délitement de la planète, pollution exponentielle, surconsommation, dérèglement climatique… « The Dead don’t die », derrière une tonne d’humour pince sans rire, s’avère dans sa conclusion d’un pessimisme extrême.
Nous sommes dans une petite ville US où semble-t-il, il ne se passe jamais rien. Tout juste 3 flics, l’un qui devait prendre sa retraite deux mois avant (Bill Murray), deux autres beaucoup plus jeunes, un homme (Adam Driver) et une femme (Chloë Sevigny). La dernière affaire sur laquelle le trio enquête est le vol d’un poulet, dont d’ailleurs le vieux doute fortement. C’est dire. On croise différents personnages haut en couleurs : un ermite qui observe les humains à la jumelle, la nouvelle croque-mort portant sabre et kimono de judo, à l’air étrange (Tilda Swinton), un trumpiste qui n’aime pas les noirs, et beaucoup d’autres, tels les trois ados dans un internat ou ces trois autres jeunes qui arrivent dans une superbe voiture de collection.
Tout irait bien donc, si subitement il ne faisait jour la nuit, que les animaux devenaient agressifs et s’enfuyaient, que portables et montres tombaient en panne, cela pendant que la radio passe sans discontinuer la chanson de Sturgill Simpson. Et qu’à la tombée du jour les morts ne ressortaient de leur tombe au cimetière du coin pour demander des comptes aux vivants que nous sommes et se délecter de nos entrailles. Je vous laisse découvrir la suite.
Horreurs certes, mais sous un flot d’humour, elles passent très bien, pas de quoi être apeuré devant la boucherie. Des effets spéciaux fabuleux, avec les têtes coupées ou qui explosent, celles des zombies. Mais, « The Dead don’t die » est d’abord une fable écologique : Trump et sa clique sont ridiculisés quand, devant l’inversion de la rotation de la Terre due à la fission de la calotte polaire, le Ministre de l’énergie annonce à la télé que c’est bon pour l‘économie puisque cela va créer des emplois. Et Jarmusch ne se fait guère d’illusions sur l’avenir de la planète quand dans le script du film, il fait dire et redire à Adam Driver qu « tout ça va mal finir ». Façon d’enfoncer le clou dans la tête des gens, et notamment de ceux qui ne veulent rien voir.
Mais puisqu’il faut bien rire de tout, on dira en conclusion que la crémation est la solution, et la seule, pour que les morts nous fichent la paix !
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