lundi 13 mai 2019

Au coeur de l'Amérique profonde


Frederick Wiseman est un monument planétaire du documentaire. Il y a 10 ans, il nous offrait un docu sur le Ballet de l’Opéra National de Paris, d’une délicieuse beauté. Cette fois, le tournage ayant eu lieu en 2017, il plante sa caméra dans une petite ville de 1400 habitants, située en plein cœur de l’Amérique profonde, dans l’état de l’Indiana, là où les champs s’étendent à perte de vue dans un paysage parfaitement plat, sous un ciel toujours bleu. Il s’agit de la ville de « Monrovia, Indiana », laquelle nous dit le synopsis, a voté à 76 % pour Trump.

Wiseman installe sa caméra et filme. Il ne pose aucune question, ne fait aucun commentaire, ne prend pas parti, ne tente pas d’orienter le spectateur que nous sommes. Il filme, c’est tout.

Les premiers êtres vivants que Wiseman nous montre sont des vaches noires. Suivent les tracteurs, les humains passeront ensuite. Ce n’est certainement pas un hasard. On a droit aux discussions entre vieux américains au « café of corner », lesquels parlent du passé, on va chez le barbier, au lycée où le prof vante des exploits passés des basketteurs du coin, dans la cuisine du fast-food où l’on prépare les plats, dans d’immenses fermes où de gigantesques camions chargent les céréales et les porcs destinés à l’abattoir, dans les champs où les tracteurs sèment leurs engrais et pesticides, au Conseil municipal où l’on discute de l’installation d’un banc en ville et surtout d’une extension immobilière qui pose des problèmes en terme de délinquance, de borne d’incendie… Sans oublier évidemment le magasin d’armes où tout un chacun vient se ravitailler.

Et puis, et c’est central dans le film de Wiseman, il y a la religion, omniprésente, même au sein de la loge maçonnique. Le film se termine par un discours d’un pasteur, lors des obsèques d’une femme, à l’église, devant la famille et les amis de la défunte. Discours trop long et ennuyeux ! Direction le cimetière, on ne doit pas connaître la crémation.

Plusieurs sentiments émergent à l’issue de la projection. On a l’impression que ce pays n’évolue pas ou si peu, dans 2 ou 3 siècles, on pourra filmer exactement la même chose. Ces gens-là n’ont pas l’air de connaître la culture en dehors de l’orchestre local ou des majorettes de l’école. Mais on découvre aussi les problèmes similaires aux nôtres, et c’est notamment le cas lors des discussions au Conseil municipal.

Reste à savoir si ce que Wiseman nous montre est représentatif de Monrovia. On a le sentiment que ce docu aurait pu être réalisé n’importe où aux USA ou ailleurs, là où la religion est le pivot de tout. Globalement, j’attendais beaucoup mieux, l’ennui ayant fini par me gagner !

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