Frederick Wiseman est un monument planétaire du
documentaire. Il y a 10 ans, il nous offrait un docu sur le Ballet de l’Opéra
National de Paris, d’une délicieuse beauté. Cette fois, le tournage ayant eu
lieu en 2017, il plante sa caméra dans une petite ville de 1400 habitants,
située en plein cœur de l’Amérique profonde, dans l’état de l’Indiana, là où
les champs s’étendent à perte de vue dans un paysage parfaitement plat, sous un
ciel toujours bleu. Il s’agit de la ville de « Monrovia, Indiana », laquelle
nous dit le synopsis, a voté à 76 % pour Trump.
Wiseman installe sa caméra et filme. Il ne pose aucune
question, ne fait aucun commentaire, ne prend pas parti, ne tente pas
d’orienter le spectateur que nous sommes. Il filme, c’est tout.
Les premiers êtres vivants que Wiseman nous montre sont des
vaches noires. Suivent les tracteurs, les humains passeront ensuite. Ce n’est
certainement pas un hasard. On a droit aux discussions entre vieux américains
au « café of corner », lesquels parlent du passé, on va chez le barbier,
au lycée où le prof vante des exploits passés des basketteurs du coin, dans la
cuisine du fast-food où l’on prépare les plats, dans d’immenses fermes où de
gigantesques camions chargent les céréales et les porcs destinés à l’abattoir,
dans les champs où les tracteurs sèment leurs engrais et pesticides, au Conseil
municipal où l’on discute de l’installation d’un banc en ville et surtout d’une
extension immobilière qui pose des problèmes en terme de délinquance, de borne
d’incendie… Sans oublier évidemment le magasin d’armes où tout un chacun vient
se ravitailler.
Et puis, et c’est central dans le film de Wiseman, il y a la
religion, omniprésente, même au sein de la loge maçonnique. Le film se termine
par un discours d’un pasteur, lors des obsèques d’une femme, à l’église, devant
la famille et les amis de la défunte. Discours trop long et ennuyeux !
Direction le cimetière, on ne doit pas connaître la crémation.
Plusieurs sentiments émergent à l’issue de la projection. On
a l’impression que ce pays n’évolue pas ou si peu, dans 2 ou 3 siècles, on
pourra filmer exactement la même chose. Ces gens-là n’ont pas l’air de
connaître la culture en dehors de l’orchestre local ou des majorettes de
l’école. Mais on découvre aussi les problèmes similaires aux nôtres, et c’est
notamment le cas lors des discussions au Conseil municipal.
Reste à savoir si ce que Wiseman nous montre est
représentatif de Monrovia. On a le sentiment que ce docu aurait pu être réalisé
n’importe où aux USA ou ailleurs, là où la religion est le pivot de tout.
Globalement, j’attendais beaucoup mieux, l’ennui ayant fini par me
gagner !
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