Le cinéaste argentin Mariano Llinás nous livre « la Flor », en français « la Fleur », très très long métrage de 13 heures 30, découpé en quatre parties de plus de trois heures chacune, présenté dans les festivals de Toronto et Locarno en 2018. Évènement cinématographique d’abord par sa durée, peu usuelle, d’où sa programmation en 4 fois. Mais aussi, après en avoir vu la première, par sa beauté picturale, la place de la caméra, sorte de ballerine dansant autour des personnages, par les dialogues, la musique et les interprètes de la chanson enregistrée lors du second épisode valent à eux seuls le déplacement, la bande son, par le scénario, enfin par un quatuor d’actrices exceptionnelles à la hauteur de la direction d’acteurs. On croise des images d’une infinie beauté, telle et ce n’est qu’un exemple, la femme qui nettoie un vase au premier plan, et la momie au second. Enfin, il y a cette technique du réalisateur qui multiplie ces doubles plans, l’un net, l’autre flou et inversement.
Quatre parties donc, mais six épisodes dont les deux premiers pour commencer. Au début, Mariano Llinás nous explique ce qu’on savait déjà ou qu’on ignorait, à savoir que les quatre premiers épisodes n’ont pas de fin, et qu’on retrouve les 4 actrices dans les 6 épisodes, dans des personnages différents, mais qu’au final… Suspense !
Le premier épisode, sorte de série B comme les américains n’en font plus nous dit-on, parle d’une momie retrouvée sous terre et envoyé dans un institut d’archéologie où l’on frôle le burn-out. Une femme est alors envoûtée par la momie, fâchée qu’on lui ait piqué ses deux yeux. Un chat noir doit être euthanasié, mais on sait que les légendes de chats noirs fourmillent. Une séance, je dirai d’exorcisme, va mettre fin au calvaire de la jeune femme. On va tout comprendre au moment de la coupure, pas celle de la pub, mais pour passer à l’épisode suivant. Tant pis, on a tout juste su qu’on avait affaire à l’une des trois reines. Fichtre !
Le second épisode conte les aventures amoureuses de deux chanteurs, un homme, une femme. Chacun des deux amants donne sa version avec images anciennes en N&B, belle performance cinématographique là encore. Cet épisode nous plonge en même temps dans une secte persuadée de tenir la toxine de l’éternelle jeunesse, espoir aussi vieux que le monde, comme l’amour d’ailleurs. Sans doute pas seulement une coïncidence. Et lorsque la secte rencontre les chanteurs, on sent l’ambiance explosive, le venin prêt à jaillir. On n’en saura pas plus. Les 3 heures 30 sont épuisées, enfin pas tout à fait puisqu’un générique musical de bien 5 minutes sur un écran vide ponctue cette première partie.
On en ressort au bout dans un état second, persuadé d’avoir rencontré le chef d’œuvre cinématographique de la décennie. La suite dans une semaine, avec quelle impatience…!
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