dimanche 21 avril 2019

L'univers est dans la nuit ou les constellations à l'envers

En route pour « la Flor 2 », soit le 3ème épisode et ses 205 minutes ! Pas simple d’en parler, les impressions se réfugiant dans le flou, telles les images du film. Le constat n’est pas aussi net que pour la première partie.

Il s’agit ici d’une parodie d’un film d’espionnage. Il y a 4 jeunes femmes, les gentilles, enfin au passé pas si gentil que cela, (les mêmes actrices que dans « la Flor 1 »), lesquelles doivent être exécutées par 4 méchantes, jeunes aussi, habillées de même, tout en noir. On se doute bien que les gentilles ne vont pas se laisser faire, quoiqu’elles ne se fassent pas d’illusion sur leur sort final. Les 4 méchantes sont commandées par « la mère », redoutable femme, elle-même à la solde de « l’homme triste », celui qui ne rit jamais. Si ce dernier réside à Bruxelles, le « duel » a lieu quelque part en Amérique du Sud, là où les constellations sont à l’envers.

Les 4 gentilles traînent avec elle un savant, ligoté et bâillonné, dans une camionnette rouge, lequel attend patiemment d’être exécuté là ou ailleurs. Les premières images sont fabuleuses : un champ fleuri s’étend à perte de vue, passe et repasse devant la caméra un beau blond armé jusqu’aux dents. Soudain, ça remue dans le champ, se dresse alors une femme qui balance une fléchette dans le dos du beau blond qui tombe raide. Les morts s’empileront, mais le spectateur sera frustré du duel final entre les espionnes, trois heures un quart ne suffisant pas à Mariano Llinás, lequel apparaît lors d’un entracte pour nous dire deux ou trois mots.

Le réalisateur argentin s’attache à dresser le portrait des uns, surtout des unes, et des autres. L’homme triste, c’est une parodie flagrante du Parrain, à la voix rocailleuse (Il souriait parfois Marlon Brando ?). Llinás s’attarde tout particulièrement sur deux gentilles, celle qui est muette, passée en RDA, puis revenue à Londres, et dont ses copines se méfient. Est-elle agent double, triple ? Et l’autre, celle dont le père était guérillero en Amérique centrale, qui a combattu l’impérialisme américain et ses valets, là et en Asie du Sud-Est, puis retournée sous les tortures, et retournée encore, on ne sait plus.

Le duel final, sur un aérodrome n’aura pas lieu comme la guerre de Troie, du moins pas sous les yeux des spectateurs. Si l’on retrouve dans la seconde partie, des ingrédients déjà vus qui ont fait la beauté de « la Flor 1 », tels les dialogues, le bruitage, la musique, la direction d’acteurs, la prestation des actrices, la succession des images floues/nettes, mais beaucoup moins présentes que dans la partie précédente, on retrouve moins la danse de la caméra tant aimée, même si les portraits de près sont toujours aussi finement travaillés.

Mariano Llinás aimé le cinéma, cela se voit, c’est flagrant. Ses films sont une ode au 7ème art, et à la gente féminine, même si au premier abord, on ne détecte pas de message politique ou philosophique. Encore que, en y réfléchissant bien, Llinás note que guérilleros et leurs ennemis parlent un langage commun fait de paix, de liberté. De quoi interpeller la jeune femme prisonnière. En exergue, Llinás cite Gérard de Nerval : « L’univers est dans la nuit » : peut-être façon de dire que les histoires d’espionnage font partie du domaine du secret.

On attend la 3ème partie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.