lundi 1 avril 2019

Un furieux texte poétique et musical

La « Compagnie Roland Furieux », du nom du poème composé par l’Arioste au début du 16ème siècle, poème connu sous le nom de « l’Orlando Furioso », est en résidence à la cité musicale de Metz. Sa Directrice, Laëtitia Pitz, qui l’a créée en 1996, travaille sur des dramaturgies plurielles associant texte et musique. Elle avait présentée l’année passée à Orléans, « Mevlido appelle Mevlido », magnifique composition sonore et visuelle, qui avait laissée sans voix, les spectateurs, tant la beauté de ce spectacle défiait l’entendement.

La Scène Nationale d’Orléans avait programmé à nouveau la « Compagnie Roland Furieux » avec sa nouvelle création, « l’Au-Delà », dont la première a eu lieu en janvier dernier dans la ville messine. Le texte, adapté et mis en scène par Laëtitia Pitz, joliment poétique, mêle deux langages : parfois celui des laissés-pour-compte, SDF, clochards, qui peuvent s’apostropher bruyamment ; et un autre, beaucoup plus élaboré, celui d’un observateur, qui plus tard écrira ce qu’il a vu, entendu, dans cette micro société des trottoirs.

Ce texte est celui de Didier-Georges Gabily, disparu trop tôt en 1996, alors à peine 41 ans, romancier, auteur dramatique, metteur en scène. Qui l’a lu ? Qui le connaît ? Et pourtant sa langue relève incontestablement de la très belle ouvrage.

« L’Au-delà », c’est la rencontre d’un homme qui ne parle pas, mais qui écoute et voit, que les autres nomment le « Silencieux ». Les autres, ce sont donc les sans-abri, SDF, clochards, qui arpentent les couloirs du métro, les ponts, les endroits de la misère sociale, Cet homme écrira un livre pour raconter ce qu’il a vu et entendu, et on le lui reprochera amèrement : car au nom de qui peut-il parler, raconter, dire, lui qui vient de l’autre monde ?

Ils sont huit sur scène, formidables acteurs d’où émerge un Camille Perrin exceptionnel, portés par une excellente direction d’acteurs de toute l’équipe de « Roland Furieux ». Le spectacle dure trois heures sans entracte, et se termine par un monologue, peut-être d’une demi-heure, jeté à la face de celui qui a osé écrire, le « Silencieux », monologue qui fait événement littéraire à lui seul. Et parce que la musique est aussi une manière de s’exprimer autrement, une accordéoniste accompagne l’équipe sur le plateau, dans un magnifique univers musical très contemporain.

A Orléans, nous n’étions qu’une poignée à voir et entendre cette merveille théâtrale. Quel dommage !

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