samedi 23 mars 2019

Un écrivain visionnaire au théâtre

L’ATAO présentait en ce jeudi soir, l’adaptation du roman peu connu du tchèque Karel Capek, « la Guerre des Salamandres », mis en scène par le Directeur du CDN des « Tréteaux de France », Robin Renucci, sur une adaptation d’Evelyne Loew.

L’auteur, Karel Capek, a écrit ce roman en 1936, au moment de la montée du nazisme. Il quittera notre monde trois ans plus tard après avoir été arrêté par la Gestapo, considérant « qu’il n’avait plus sa place dans ce monde-là ». On peut voir dans son roman, une allégorie du danger qui menace l’Europe et le monde. Capek était un visionnaire. C’est lui qui invente le mot « robot ». « La Guerre des Salamandres » peut être lue aussi comme l’annonce du dérèglement climatique.

Un capitaine de bateau a découvert des salamandres géantes, de la hauteur d’un enfant, vivant aux abords d’une île au milieu du Pacifique. Ces salamandres ont la faculté de pêcher des perles magnifiques, ce qui aiguise l’appétit d’un gros patron, qui voit alors la possibilité de s’enrichir. Mais très vite, ces animaux à qui on a appris le langage des hommes et qui se multiplient de manière exponentielle, sont réduits à l’esclavage, étant capables d’effectuer des travaux sous-marins. Une révolte des salamandres conduira à l’inondation des terres, Venise est engloutie.

Renucci dispose de 7 acteurs, 4 hommes et 3 femmes, pour 55 personnages du roman, encore que des coupes aient été réalisées au niveau de l’adaptation, le roman en comportant 75 environ. D’où des changements de costumes incessants, chacun interprétant une foule de personnages. Si certains paraissent un peu tendres, on remarque la belle prestance de Chani Sabaty en journaliste ainsi que Gilbert Epron en capitaine farfelu (serait-ce Hadock ?).

Renucci a conçu un décor assez complexe : au centre, une estrade circulaire surmontée d’un énorme disque lumineux. A gauche, une sorte de tourelle sur laquelle on peut, telle une vigie, surveiller les alentours.

Les scènes du roman défilent, avec un brin d’humour, ou parfois d’humour noir, telle celle réunissant le Conseil d’Administration chargé de définir la meilleure méthode pour amasser le plus de fric, ou celle encore où on apprend qu’une des exigences des salamandres consiste à inonder les Landes : la réaction du basque est désopilante. Notons aussi l’apparition d’une salamandre derrière un rideau lumineux, une main à quatre doigts, une tête, donnant une vision cinématographique de toute beauté.

A l’heure des manifestations pour une attitude responsable des politiques concernant le dérèglement climatique, on ne peut qu’être frappé par ce roman visionnaire, formidablement d’actualité. La salle Barrault de 600 places, quasi pleine, les lycéens étant au rendez-vous, a applaudi chaleureusement acteurs et metteur en scène. Du beau théâtre ! Un échange avec Robin Renucci a suivi. Durant la journée, des acteurs avaient rencontré les lycéens.

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