Il advient parfois que les pauvres soient les gagnants !

Humour, vie ouvrière en usine, trafic de drogue, tentative de viol de la part d’un supérieur hiérarchique, truands, et au final, du Tarentino pur jus, voilà ce que nous offre le splendide « Rebelles » d’Allan Mauduit, film oh combien rafraîchissant, mais qui nous offre une plongée dans l’univers de l’entreprise où tous les coups sont permis de la part du chef.

Trois jeunes femmes se retrouvent à bosser dans une usine de conserveries. L’une, Sandra (Cécile de France), ex miss Pas-de-Calais, de retour chez sa mère en mobil home, la seconde Marylin (Audrey Lamy), un fils au collège, plus de mari/père, une voiture déglinguée, la troisième, Nadine (Yolande Moreau), un mari au chômage, deux grands fils, loyers non payés. Voilà pour le décor de Gilets jaunes. Elles se retrouvent un jour dans les vestiaires, avec un macchabée sur le dos et un sac bourré de fric. Je laisse deviner la suite qui ne manque pas d’humour, de fantaisie, mais aussi de courage et de témérité de la part des trois femmes. Car il faut du cran et de l’imagination quand on trouve un magot et qu’on est dans la dèche.

Le thème du film nous fait immanquablement penser à « la Chute de l’Empire américain » de Denys Arcand sur les écrans il y a peu. Seuls les personnages changent, mais on a toujours des gens sans le sou, des flics, des truands et surtout « un pognon de dingue ». La fin est différente, quoique le résultat soit le même. Les pauvres sont les gagnants : il faut bien que de temps en temps, ce soit le cas !

Les trois actrices précitées sont excellentes, peut-être avec une mention pour Yolande Moreau, inégalable dans un tel rôle. Mais les deux autres doivent lui être associées dans les compliments. Notons aussi les remarquables cadrages du Directeur de la Photographie, Vincent Mathias, dont les portraits de près sont très soignés. Le film a été récompensé lors du Festival de l’Alpe d’Huez par un Globe de cristal, ce n’est que justice.