Olivier Assayas n’est pas ce qu’on peut appeler un cinéaste grand public. Son travail de recherche cinématographique le situe en haut de la pyramide, là où la pensée humaine fonctionne encore. Pas étonnant que son cinéma ne remplisse pas les salles. Son dernier film, « Doubles vies » se place parfaitement dans cette optique. Sur Allociné, la note des spectateurs s’arrête à 1,9 sur 5, une des plus basses jamais vue, et pourtant, il y a de quoi adorer le cinéma d’Olivier Assayas !
On est à Paris, dans le milieu que certains appellent « bobos », autrement dit bourgeois bohèmes. Il y a Léonard (Vincent Macaigne), il écrit des romans, des autofictions parce qu’il ne sait écrire que ça, enfin pas sûr que ce soit des autofictions… Dans ses romans, on pense deviner qui se cache sous des pseudos, mais lui n’est pas clair dans ses explications. Sa compagne actuelle, Valérie (Nora Hamzawi) est la secrétaire d’un homme politique qui cherche à se faire élire. En face, Alain (Guillaume Canet) est l’éditeur des romans de Léonard, mais il refuse d’éditer le dernier né, ayant pour titre « Point final ». Il vit avec Séléna (Juliette Binoche), actrice de série télé, mais aussi de théâtre, et qui a déjà couché avec Léonard, lequel avoue tromper Valérie. Mais Alain couche aussi avec sa secrétaire. Et d’autres encore, dans le monde de l’édition, ou plutôt de l’e-édition, car on considère que les livres sur internet, c’est l’avenir avec les liseuses, les smartphones, bien qu’on ne soit sûr de rien. De quoi s’emmêler les pinceaux !
Et tout ce joli monde se reçoit, fréquente les bars, discute de sujets concernant l’édition, mais pas que, car on bavarde fort dans « Doubles vies » qu’on pourrait tout aussi bien appeler « Vies croisées », ou « Vies bavardes». Voilà un film de langage d’où l’action est quasi absente. On n’oublie pas l’humour quand Séléna refuse de donner le numéro de portable de Juliette Binoche qu’elle connaît (c’est elle l’actrice) !
Un quatuor d’acteurs magnifique, et puisqu’on parle théâtre dans ce film, on découvre aussi dans le générique sur des rôles secondaires, Laurent Poitreneaux et Nicolas Bouchaud, acteurs du théâtre public. Donc, Vincent Macaigne, encore plus paumé que d’habitude, Guillaume Canet un sourire toujours au coin des lèvres, Juliette Binoche adorable et la nouvelle, Nora Hamzawi qu’on reverra, soyons-en sûr !
Un film que se savoure à petites gorgées, tant le langage est l’essence même de l’œuvre d’Assayas.
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