mercredi 30 janvier 2019

Un théâtre de la pensée subversive

Le théâtre Clin d’œil ouvrait sa salle vendredi soir à la Compagnie « le Grand Souk » pour une représentation « d’Acting », déjà jouée deux ou trois fois dans la région orléanaise.

Acting est une pièce écrite par Xavier Durringer pour trois acteurs dans une cellule de prison. Huis clos donc.
Il y a déjà là Horace, qui ne parle pas, joue un peu de guitare quand ses codétenus ne lui disent pas de faire silence. Il cuisine pour les trois et regarde la télé toute la nuit. On ne sait pas pourquoi il est là, mais c’est le plus ancien enfermé.
Il y a ensuite Gepetto comme vous savez qui. Il rêve de devenir acteur. Il dira un peu plus tard qu’il a escroqué un tas de braves gens en leur faisant miroiter des gains importants en Bourse. Mais dit-il vrai ? On ne saura pas.
Enfin, arrive Robert, tout frais incarcéré. Il est acteur, metteur en scène, enfin artiste du spectacle vivant. On saura plus tard qu’il a occis un producteur. Il exècre la télé (il y en a d’autres), et adore Hamlet.

Alors, quand Gepetto et Robert se rencontrent, le second entreprend de faire du premier, un artiste de théâtre, en lui donnant une nuit pour apprendre le monologue d’Hamlet. Pas facile pour quelqu’un qui ne comprend pas grand-chose à Shakespeare !

Le texte de Durringer est un hommage au métier de comédien, où dans ce huis clos, on est enfin libre, s’exclame Robert. Car on parle spectacle vivant pendant les 80 min que dure la pièce. La mise en scène, orchestrée par Manouchka Récoché, est d’une parfaite justesse, tant dans le face à face Robert/Gepetto, dans l’occupation de l’espace, que dans la scénographie.

Quant aux acteurs, Hugo Zermati et Philippe Polet nous offrent un duel tout en finesse, mais de très haute tenue. Le troisième, Guillaume Schenck en Horace, parfaitement silencieux, n’a certainement pas le rôle le plus facile. Pour un acteur, dire sur scène est dans doute une sorte de libération face au public. Se taire, le regard étant le seul moyen de communication, est un exercice redoutable que Schenck réussit parfaitement.

Un spectacle, un texte, trois acteurs, qui ne tombent pas dans le bas de gamme, tout au contraire. On est là dans un théâtre de la pensée subversive.

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