lundi 14 janvier 2019

Un polar à l'humour corrosif, mais pas que...

Je n’avais pas grande envie d’aller voir « Qui a tué Lady Winsley ? » quand je me suis aperçu que le réalisateur Hiner Saleem, dont les racines se situent au Kurdistan irakien, nous avait précédemment éblouis avec « My Sweet Pepper Land », où une jeune institutrice (Golshifteh Farahani exceptionnelle) débarque dans un village où règne la loi du plus fort. Alors, j’ai décidé de découvrir celui qui avait tué la romancière américaine.

Nous sommes sur une petite île turque où l’écrivaine vient d’être assassinée d’une balle. Pas d’indices, si ce n’est une goutte de sang retrouvée sur le corps de la victime. L’inspecteur Fergan, envoyé par Istanbul, débarque, prend la place du commissaire local au chapeau noir (formidable peinture du policier, les yeux levés au ciel, habile jongleur, mais qui saura à la fin prendre ses responsabilités), et passe toute une famille au crible de l’analyse ADN, un grand-père mort depuis bien longtemps ayant essaimé ses spermatozoïdes dans toute l’île.

Hiner Saleem traite l’affaire avec un humour corrosif, un vrai régal, quand soudainement tombe sans prendre garde, le racisme anti-kurde, comme un diable surgi de sa boîte. Là, on ne sourit plus.

Remarquable peinture d’une société où règnent le mensonge, le racisme, sous des couverts d’honorabilité, lesquels volent en éclats dès qu’on gratte un peu la surface. Le groupe d’hommes d’un certain âge, aux chapeaux tous identiques, ne formant qu’un seul bloc, alignés comme à la parade, est une exquise caricature de ces notables réactionnaires qui considèrent que tout doit rester immuable jusqu’à la fin des temps. Et face à ces femmes qui ont toutes « fauté » autrefois avec le grand-père, voici deux jeunes femmes, et on espère que la politique d’Erdogan ne les broiera pas : d’une part, l’infirmière, court vêtue et au décolleté imposant, d’autre part la proprio de l’hôtel qui tombe follement amoureuse de l’inspecteur kurde. Hiner Saleem nous les présente comme l’avenir de la Turquie. L’espoir fait vivre !

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