C’est par cette courte citation extraite de Platonov, pièce écrite par Tchekhov à l’âge de 18 ans, qu’Emmanuel Noblet conclut son spectacle seul en scène, « Réparer les vivants », d’après le roman de Maylis de Kerangal.
L’ATAO présentait en ce mercredi soir au théâtre Gérard-Philipe à la Source, son second spectacle, avec une salle quasi complète et un public des plus attentionné. Créée lors du Festival Off d’Avignon en 2015, sa prestation a été unanimement saluée.
Il s’agit pour ceux qui en ignoreraient la trame, d’une transplantation cardiaque, partant de la mort de Simon, un jeune de 19 ans, lors d’un accident de la route, après une soirée consacrée au surf en bord de mer, jusqu’au réveil de la patiente qui vient de recevoir le cœur du jeune homme.
Chaque personnage que nous présente Noblet est décrit avec une grande précision, quasi chirurgicale oserais-je dire, mais avec peu de mots et cela suffit, Simon d’abord, ses parents, la copine de Simon, les médecins, de l’urgentiste au chirurgien, jusqu’à la patiente qui attend un nouveau cœur. Noblet a eu l’intelligence d’ajouter quelques touches d’humour, un air de jazz, afin de détendre l’atmosphère. On notera plus particulièrement, comme moment d’une sensibilité aiguë, l’annonce de la mort de leur fils aux parents, la proposition de prélèvements d’organes, les hésitations de la famille, enfin l’acceptation. On nous dit sur l’écran en fond de plateau, qu’il subsiste encore aujourd’hui, un tiers de refus. C’est à la fois peu et beaucoup.
La preuve qu’on peut présenter un spectacle au théâtre avec pas grand-chose : tout juste deux chaises, une blouse blanche, un drap. Une vidéo assez légère. Des voix off. Une diction remarquable. Et voilà de quoi obtenir le Molière du meilleur spectacle seul en scène en 2017, et des centaines de représentations un peu partout en France, et même à l’étranger.
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