mercredi 2 janvier 2019

Dilemne amoureux au pays du soleil levant

Ryusuke Hamaguchi est le dernier venu des réalisateurs nippons à nous éblouir. Après les trois « Senses » s’étirant sur cinq heures que je n’ai pas eu l’opportunité de voir, voici « Asako 1&2 » qui débarque sur nos écrans et dont les festivaliers de Cannes ont eu la primeur en Compétition officielle. Petite perle des relations entre de jeunes gens, faite de douceurs, de gentillesse, d’extrême politesse comme on ne connaît pas dans nos contrées !

Une jeune femme, Asako, rencontre et tombe amoureuse d’un jeune homme, à la tignasse fournie, Kobu. Cette idylle ne plaît pas à la meilleure amie d’Asako. Quelques mois plus tard, Kobu, parti faire des courses, ne revient pas. Désespérée, Asako part à Tokyo, colloque avec une nouvelle amie comédienne, et rencontre le sosie de Kobu. Celui-ci se prénomme Ryohei. Après le choc initial, elle tombe amoureuse de Ryohei et les deux tourtereaux emménagent. Les années passent. Cinq ans plus tard, Asako retrouve Kobu, sorte de mannequin après lequel les midinettes courent. Qui choisira-t-elle ? Le 1 ou le 2 ? La vie n’est pas un long fleuve tranquille.

A travers ce dilemme amoureux, Hamaguchi nous parle de son pays, de sa jeunesse, celle de la classe moyenne, celle des villes, avec un clin d’œil aux plus démunis quand les deux amoureux vont donner de leur temps sur un marché réservé aux pauvres. Cette jeunesse-là respire la fraîcheur dans un pays administré par des politiques corrompus, que peut-être Hamaguchi dénonce au travers du « Canard sauvage » d’Ibsen que la copine d’Asako va présenter sur scène, avant qu’un tremblement de terre n’interrompe la représentation, métaphore des moeurs nippons que l’on cache derrière des paravents.

Une phrase d’Asako, vers la fin du film, quand elle revient vers Ryohei, est d’une grande force, quand elle dit à peu près ça : « Je pourrais m’excuser pour ce que j’ai fait, mais ça ne servirait à rien, alors je ne m’excuserai pas, je ne demanderai pas pardon ! ». Hamaguchi balance dans les eaux sales de la rivière, la morale bourgeoise. Chapeau pour un film, je le répète, plein de douceurs, de délicatesse, où on s’embrasse seulement sur la bouche, au diable les scènes de sexe. Du grand art ! Et une actrice magnifique, Erika Karata, dans le rôle d’Asako.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.