mercredi 12 décembre 2018

Le Rock russe des années 80 nous met en extase

Kirill Serebrennikov est en résidence surveillée à Moscou, son procès à débuté depuis quelque temps, on dit qu’il pourrait durer des mois. Il n’a le droit de parler qu’à son avocat, personne d’autre. Il communique donc par son intermédiaire pour continuer à mettre en scène, dernièrement l’opéra de Mozart, Così fan tutte, à Zurich. Il est accusé de détournement de fonds publics, ce que chacun s’accorde à considérer comme hautement fantaisiste. On lui reproche en fait, ses conceptions contemporaines de l’art, trop modernes pour ceux qui dirigent le Kremlin. Une sorte de mise en garde qui vise tous les intellectuels russes trop avant-gardistes.

Son dernier long métrage, « Leto », sort cette semaine sur les écrans français. Il était en sélection officielle à Cannes en mai dernier, sans son réalisateur, empêché de quitter son pays. Il ne s’est pas rendu non plus au Festival d’Avignon en 2018. Le pourra-t-il en juillet prochain ? Rien n’est sûr !

« Leto », « l’été » en français, c’est un vibrant hommage que lance Serebrennikov à tout un groupe de jeunes chanteurs et musiciens de Leningrad dans les années 80, lesquels, admiratifs des groupes musicaux britanniques et américains, ont voulu développer la musique rock dans leur pays, malgré leurs très faibles moyens techniques et financiers et les entraves créés par la censure.

Il met en scène Viktor Tsoi, et surtout Mike Naoumenko, chanteur du groupe Zoopark, et son épouse, Natacha. Viktor et Mike disparaîtront en 90 et en 91, victimes d’accidents.

Serebrennikov livre une œuvre artistique en Noir et Blanc de haute facture. Des scènes risquent de passer à la postérité, dont celle sur la plage où tout le groupe vient chanter, se baigner, boire, fumer, jusqu’à la nuit, brasier allumé sur la grève. Et surtout, ces sortes de clips, l’un dans un train, l’autre dans un bus où des chansons « qui n’ont pas existé » dit un écriteau, font valoir ce que Viktor et Mike auraient voulu interpréter. On en sort en extase devant la beauté du film.

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