vendredi 9 novembre 2018

Vie quotidienne en cité

Le Théâtre de la Tête Noire à Saran proposait en ce jeudi soir, un texte contemporain de Guillaume Poix, écrit à partir de 2013 dans le cadre d’un projet de l’École Supérieure d’Arts et Techniques du Théâtre, basée à Lyon. Le thème en était « Grand Ensemble ».

Guillaume Poix est un jeune écrivain, souvent tourné vers les problèmes qui agitent l’Afrique. Dans la pièce présentée à la Tête Noire, « Et le Ciel est par terre », l’action se situe dans une tour, quelque part en France. Une cuisine avec son vide-ordures. Une table et cinq chaises, la mère et ses trois grands adolescents, presque adultes. Donc, une chaise vide, celle du père, décédé depuis peu.

Ici, on ne parle guère, sinon pour se fâcher, se menacer. On joue aux cartes, à la belote, mais ça ne dure pas. La mère veut fêter Noël en février en apportant une dinde, mais se fait rabrouer par ses enfants. On va sur la tombe du père porter des fleurs, mais on ne peut se mettre d’accord, ni sur la couleur des fleurs, ni sur le vase, sur rien en fait. La télé semble allumée en continu parce que la mère veut la regarder au grand désespoir du fils qui veut l’éteindre.

Et les journées s’égrènent ainsi, comme aujourd’hui dans de nombreuses familles de ces cités où les barres et tours se font face, où la culture n’a jamais mis les pieds, où les voisins ne se parlent pas ou plus, où le chômage est endémique… Des trois enfants, il y a le garçon dont on ne sait s’il provoque en s’exhibant dans la rue, une fille qui ne parle guère et qui pense au suicide, et l’autre, la plus proche de la mère.

Véronique Kapoïan-Favel
livre une mise en scène dynamique, sans fioritures inutiles, permettant au spectateur d’apprécier le texte de Guillaume Poix, empreint d’une belle richesse littéraire. A ce sujet, il n’est pas interdit d’imaginer les habitants d’une cité ouvrière dotés d’un langage élaboré, surtout pour ce qui concerne la mère dont on ne sait rien de son passé.

La même Véronique Kapoïan est une mère explosive sur scène, alternant les tentatives de rapprochement avec ses enfants, puis de rejet, notamment vis-à-vis de son fils. Remarquable actrice capable de transcender un rôle, celui de la mère, au-delà de son comportement habituel. Elle est entourée de Cécile Bournay, Céline Deridet et d’Antoine Besson, avec Dag Jeanneret en tant que narrateur.

En hors d’oeuvre, nous avons eu droit à un micro récital d’Ariane Von Berendt, qui de retour de Serbie, nous a enchantés par trois de ses chansons tsiganes ou originaires des Balkans. Chanteuse et comédienne à la voix délicieuse, elle est un vrai régal pour le public !

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