Le Théâtre Clin d’œil à Saint Jean de Braye vient d’offrir une merveille à son fidèle public, « Pompiers », sur un texte de Jean-Benoît Patricot, mis en scène par Serge Barbuscia, directeur du théâtre du Balcon depuis quelque 35 années, bien connu des festivaliers avignonnais pour nos offrir en juillet de jolies perles artistiques.
« Pompiers », c’est l’histoire d’une jeune femme, « limitée » comme on ne cesse de le lui dire, qui se rend au bal des pompiers un 14 juillet, qui pense tomber amoureuse d’un bel homme avec son camion rouge, et qui est violée par une dizaine d’hommes du feu parce que dit-elle, « Je ne savais pas que je pouvais dire NON ».
Dans un prologue, on entend la voix de la femme qui se souvient, lorsqu’elle allait à la piscine avec sa classe, étant le souffre-douleur des garçons, la faisant sauter du haut du plongeoir, elle en est restée sourde d’une oreille.
La jeune femme et son pompier se retrouvent dans l’antichambre du tribunal. Un duel en huis clos s’engage alors durant une bonne heure. Le pompier, c’est William Mesguish, fils de son père. Exceptionnel acteur alternant les tentatives pour amadouer la jeune fille afin de lui faire dire devant le juge qu’elle était consentante, pour soudainement s’emporter devant le refus féminin. Elle, c’est Camille Carraz au double niveau de parole : tantôt, la voix douce, presque implorante, légèrement aiguë, lorsqu’elle pense pouvoir se faire aimer de son pompier ; tantôt la voix grave, sortant de son intimité, quasi souterraine quand elle comprend la vérité, dès lors qu’elle sait qu’on s’est servi d’elle pour des raisons proscrites par la morale.
In fine, le pompiers étant innocenté par la justice, peut-être parce que la parole d’un soldat du feu en uniforme compte plus que celle d’une femme « limitée », celle-ci comprend qu’elle est « normale », et donc qu’elle peut dire, et qu’elle clame un « NON » magistral.
Double performance de très haut niveau, de deux acteurs très chaleureusement applaudis par le public, dans une salle où la proximité comédiens/spectateurs donne toute sa force au drame social !
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