vendredi 23 novembre 2018

Romance solidaire en Égypte

La direction du Festival de Cannes avait eu cette année, la riche idée d’inviter en compétition officielle, un réalisateur égyptien de 32 ans, Abu Shawky, pour son premier long métrage, « Yomeddine ». C’était d’ailleurs la première fois que l’Égypte concourait à ce niveau.

C’est l’histoire de Beshay, chrétien copte, la quarantaine, atteint de la lèpre dans son enfance, et qui a été abandonné dans une léproserie par sa famille. Visage et mains déformés, il vit reclus à l’écart du monde civilisé, près d’une montagne de déchets. Un orphelinat pour enfants est tout proche, d’où jaillit Obama, « comme le mec de la télé » dira-t-il, ado d’une quinzaine d’années, originaire de Nubie. A la mort de son épouse, Beshay décide de retrouver sa famille à lui, et part en compagnie d’Obama lors d’un road movie qui les mènera le long du Nil, en chemin de fer, sur les routes, et surtout avec l’âne de Beshay tirant une carriole.

Alors, certes, le film de Shawky n’est pas parfait d’un point de vue cinématographique, il n’est pas exempt de défauts, mais il est un vibrant hommage aux plus déshérités sur cette terre africaine, notamment lors d’une halte dans une ville, où les deux amis, proches du néant, sont sauvés par un groupe d’handicapés comme eux, surtout par un homme sans jambes qui se déplace sur une sorte de moto. Sans doute ici la partie la plus sensible, la plus émouvante du film. Beshay et Obama découvrent parmi cette petite colonie humaine, la vraie fraternité, l’entraide, entre ceux qui n’ont plus grand-chose à espérer de la vie, et qui partagent le peu qu’ils ont.

Et c’est aussi et surtout une histoire d’amitié entre Obama et Beshay, un ado qui aime jouer au foot, et cet ancien lépreux défiguré, magnifique romance qui ne les verra pas se quitter, dans une histoire filmée comme un conte, à la manière de Tintin auquel fait penser l’affiche du film.

Très belle interprétation des deux « héros » du film. On aurait aimé les voir monter les marches à Cannes, mais ils n’avaient pu faire le déplacement.

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