mercredi 28 novembre 2018

Bifurcation post-attentat

« Amanda » de Mikhaël Hers est un film qui vaut d’abord par le sujet traité : l’évolution des rapports dans une famille, au-delà un groupe d’amis, après un attentat à Paris où un des leurs est mort, et deux autres sont blessés. Comment les choses peuvent-elles évoluer au travers des drames que vivent les uns, les autres ? De nouvelles relations peuvent-elles naître, d’autres se dissoudre ?

David a 23 ans, est élagueur à la ville de Paris, gère les locations d’appart pour un proprio, enfin ne roule pas sur l’or, mais sur un vélo. Il a une sœur, Sandrine, un peu plus âgée, prof d’anglais, et qui élève seule une fille de 7 ans, Amanda. Ils sont amis avec un couple, Raja et Axel, sortent ensemble. Survient une jolie locataire, Léna, prof de piano, originaire de Périgueux, montée à Paris pour découvrir autre chose que son Périgord. Tout ce petit monde s’est donné rendez-vous dans un parc pour pique-niquer. Mais quand David arrive, le drame a eu lieu. Sa sœur décédée, il va devoir s’occuper de sa nièce, aidée en cela par sa tante, la sœur de sa mère qui vit à Londres.

Mikhaël Hers nous balade dans Paris post-attentat, ses rues désertes, ses militaires en faction, un pétard qui explose et c’est l’affolement général, une femme voilée importunée… Pour son long métrage, il a fait appel à une solide équipe : Vincent Lacoste pour David que Christophe Honoré avait recruté pour le splendide « Plaire, aimer, courir vite », Marianne Basler est la tante, formidable de dévouement qu’on devrait voir plus souvent sur les écrans, Stacy Martin, la pianiste du Périgord, au visage adorable qu’on a vue dans « Tale of Tales » de Matteo Garrone et sur la bande-annonce de « Nymphomaniac » de Lars von Trier (excusez ! je n’ai pas vu le film…).

On aimera un peu moins le passage par Londres où Sandrine voulait emmener sa fille et son frère. Ils iront finalement à deux, passeront par Wimbledon en plein tournoi, un peu longuet et larmoyant, et rencontreront la mère de David qu’il connaît à peine, sur une pelouse comme celle où le drame a eu lieu. Une nouvelle histoire commence peut-être, on ne sait, les pelouses servent à tout.

Mikhaël Hers nous embarque parfois dans des impasses, sans qu’on sache… Le copain de Sandrine qui voudrait rencontrer David, Lena et son bras en écharpe rejouera-t-elle du piano, elle et David se retrouveront-ils ? La vie est ainsi faite, semble nous dire Mikhaël Hers, des tournants peuvent brusquement surgir, les amis et parents disparaître, d’autres resurgir…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.