jeudi 1 novembre 2018

Problèmes sociétaux abordés par l'humour

« En liberté » réalise un carton dans les salles. Sans doute parce que le long métrage de Pierre Salvadori offre plusieurs lectures : il y a ceux qui se contentent des gags, et à ce sujet on peut dire que la réussite est au rendez-vous, on ne tombe pas dans le niveau zéro, trop souvent vu dans les films franchouillards. On peut aussi voir un peu plus loin, creuser le sujet du film, y voir des thèmes sociétaux que Salvadori aborde, évidemment de manière détournée, et c’est là, à mon avis, que réside tout l’intérêt de l’œuvre cinématographique..

Yvonne assiste à une cérémonie à la gloire de son mari, policier mort depuis quelque temps. Par hasard, elle apprend qu’il était un ripoux, et un gros, lequel a fait condamner un innocent lors d’un braquage d’une bijouterie. Justement, l’innocent en question, Antoine, sort de prison. Yvonne sent qu’elle a une dette envers cet homme. Elle le suit à la sortie de prison, et va tomber de Charybde en Scylla.

Salvadori aborde différents thèmes sociétaux : la sortie de prison, le plus souvent sans suivi d’aucune sorte et la récidive probable ; l’image laissée d’un père mort auprès d’un enfant ; la réalité quotidienne d’un commissariat ; la vie d’une mère seule pour élever son enfant… Bien sûr, Salvadori les traite par l’humour, la dérision, en créant des situations détournées. Si rien n’est crédible dans l’histoire, on sent derrière une réelle volonté de dire des choses. Car l’humour est souvent dévastateur lorsqu’on veut aborder la réalité vécue. Et c’est Antoine qui dira à Yvonne en apprenant sa véritable identité : « C’était faux, mais que c’était beau ! ».

Yvonne, c’est Adèle Haenel, à la fois frondeuse, mais aussi aimante. Dans quel rôle est-elle la meilleure ? On la voit le plus souvent en femme déterminée, fonceuse. Mais on sait qu’un acteur, dans un rôle aux antipodes de sa vraie nature, est excellent. A chacun de faire son opinion.

Pio Marmai, c’est Antoine, passablement déjanté, formidable acteur. Enfin, Damien Bonnard en flic amoureux d’Yvonne sans oser le dire, Vincent Elbaz en flic ripoux ultra violent, et Audrey Tautou, en épouse d’Antoine, complètent un casting de bon aloi.

Un bon film pour passer un moment agréable au cinéma, mais pas un monument artistique. Tout juste pourra-t-il concourir pour les Césars. Il était présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en mai dernier, et est reparti avec le Prix de la SACD.

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