Honneur au cinéma de la République du Kazakhstan, et un grand merci au Festival de Cannes pour avoir programmé dans la section « un certain Regard », ce magnifique long métrage du jeune cinéaste Adilkhan Yerzhanov, lequel a fait appel à Albert Camus pour son titre « La tendre indifférence du monde », expression que l’on retrouve tout à la fin de « l’Étranger ».
Saltanat, jolie jeune femme venant de terminer des études de médecine, ne peut exercer son métier, sa famille étant submergée de dettes, son père venant de mourir. Elle part à la ville demander de l’aide à un oncle, en compagnie d’un ami d’enfance, lequel doit l’aimer secrètement. Mais à la ville, la corruption est endémique, le pot de vin est roi, et l’oncle propose à Saltanat un drôle de marché : en échange du paiement des dettes, elle doit épouser un riche commerçant.
Tous deux vont résister jusqu’à l’extrême limite, avant de succomber à la corruption. La question posée par Yerzhanov est celle-ci : peut-on vivre dans ce pays en dehors de la corruption, de la trahison d’un ami, de la loi du plus fort ? Il semble bien que le réalisateur réponde par la négative à ces questions, l’indifférence étant partagée par le plus grand nombre.
Et pourtant, Saltanat et Kuandyk son ami, sont des intellectuels, ils lisent tous deux Camus, lui peint, dessine sur les murs, sur des feuilles blanches, bref un peu partout. Mais la société kazak n’a que faire d’eux, sinon s’en servir pour amasser du fric. In fine, la rébellion les enverra rejoindre l’Étranger par « une belle journée ».
Yerzhanov nous offre une sublime photographie, paysages où domine l’immensité des plaines dans le vent, les couleurs chaudes, les fleurs blanches, et surtout ces ciels incandescents, et des tableaux de peintres parsemant le film l’espace de quelques secondes. Œuvre d’art qui nous vient du pays des fusées Soyouz !
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