Après son One man show, « les Chatouilles ou la danse de la colère », créé en 2014 dans le OFF en Avignon et qui depuis sillonne la France (je ne l’ai pas vu n’étant pas friand des One man show), Andréa Bescond transpose son spectacle sur la pellicule (façon de parler, il n’y en a plus depuis quelques temps déjà, les disques durs ayant pris la place). Présenté à Cannes dans la section « un Certain Regard », le film « les Chatouilles » vient de sortir en salles et semble faire un carton.
Andréa Bescond raconte son enfance au travers de sa vie de jeune adulte et de sa rencontre avec une psychologue. Vers 9 ans, elle fait de la danse, elle s’appelle Odette dans le film, vous savez… et là, ça devient un peu lourdingue… Un ami de la famille la viole au prétexte de chatouilles sans que ses parents ne devinent quoi que ce soit. Ces moments sont racontés bien plus tard alors qu’elle est jeune adulte, à une psychologue. On assiste alors à de nombreuses superpositions dans le temps, sorte de flash backs où les strates temporelles s’enchevêtrent, ce qui rend le film esthétiquement beau.
On la voit devenue adulte, fréquenter les milieux de la danse contemporaine, la danse de rue, son passage dans un groupe de krump la nuit, sous des lumières nocturnes, est un moment magique. Il y a aussi l’incursion au palais Garnier avec Noureev qui danse et interpelle sur le plateau. Et la petite Odette qui s’envole dans les airs lors d’une répétition, splendide métaphore du cygne. Car on hésite à classifier « les Chatouilles » entre un film sur la danse et un film dénonçant la pédophilie. Evidemment, les deux se côtoient, la première s’avérant une sorte de drogue afin d’oublier la seconde. Mais Andréa plongera aussi dans les drogues dures, elle n’a pas peur de le dire…
Deux choses m’ont quelque peu gêné, à savoir les véritables caricatures de deux personnages du film, la prof de danse épouvantable, et la mère d’Andréa (Karin Viard, on est d’ailleurs frappé par la ressemblance physique entre les deux actrices) qui tient un discours quasi monstrueux à sa fille après le procès aux Assises qui condamne « l’ami » à sept ans de prison. Il est vrai aussi que tout le film est mené sur le rythme d’une danse endiablée, qui ne permet guère au spectateur de respirer, et c’est très bien ainsi. Mais sans doute, Andréa Bescond vivait alors à ce rythme…
En tout cas, un film qui marque, et qui fait honneur au cinéma français. Dommage que Cannes n’ait pas récompensé cette première réalisation de cette artiste. Un César ne m’étonnerait pas.
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