Prix de la mise en scène à Cannes, le dernier long métrage de Pawel Pawlikowski, « Cold War », est une métaphore des relations Est-Ouest en Europe au cours de la décennie 50. Dans un format quasiment carré, en Noir et Blanc, le cinéaste choisit des formes rappelant ces années de froideur internationale.
Nous sommes en 1949 en Pologne. Viktor est pianiste. Avec sa compagnie, il monte un spectacle de danses folkloriques et recrute chanteuses et danseuses. Zula se présente et rapidement, une relation intime naît entre eux. Mais profitant d’une représentation à Berlin-Est, Viktor passe à l’ouest et vient vivre à Paris, là où le jazz est roi. Les deux amants se retrouveront lorsque Zula passera par Paris au cours d’une tournée. Ils tentent alors de vivre leur amour, mais chacun a un passé qui leur réserve trop d’épreuves.
Certes, les autorités polonaises étant ce qu’elles étaient, la vie n’était pas simple pour eux deux, le passage de Varsovie à Paris et inversement très compliqué, mais ce qu’il ressort du film de Pawlikowski, c’est qu’on n’efface pas le passé aussi facilement. Il vous colle à la peau. Et c’est ce passé, ce qu’ils ont vécu chacun de leur côté, dans leur enfance, à Paris pour l’un, au sein de sa famille pour Zula, qui leur rend la vie si difficile ensemble. Et pourtant, ils s’aiment d’un amour fou.
La direction d’acteur de Pawlikowski relève du grand art. Le réalisateur procède par séquences, Pologne/Paris/Belgrade/Paris/Pologne, entrecoupées par une seconde d’écran vide, et par ellipse, notamment lorsque Viktor est embarqué vers Moscou et qu’on le retrouve dans la séquence suivante à Paris. La musique de jazz ou celle du folklore polonais délimitent parfaitement le secteur géographique, le folklore à l’est, le jazz à l’ouest. La photographie en N&B offre des images d’une beauté folle, la dernière, celle d’un banc vide dans la campagne polonaise nous restera en mémoire tant elle recèle de souvenirs. Le quartier de Saint Germain des Prés très bien reconstitué. Quant aux deux acteurs principaux, Joanna Kulig et Tomasz Kot, ils sont tous deux parfaitement justes dans leurs rôles respectifs. Mais disons-le, « Cold War » n’est pas un film grand public.
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