Caméra d’or au dernier Festival de Cannes, « Girl » du belge Lukas Dhont aborde le sujet ultra sensible qu’est le mal être d’un adolescent dont le sexe ne correspond pas à son genre, et qui désire en changer.
Lara, c’est le prénom fille de cet ado, on ne saura pas celui de sa naissance, a déjà entrepris de changer d’apparence portant notamment les cheveux longs. Mais elle a encore les attributs du garçon. Elle débute un traitement aux hormones devant se terminer par une opération chirurgicale. Mais Lara pratique aussi la danse classique, activité physique intense qu’elle adore, et lorsqu’il lui faut exécuter des pointes, on constate que la souffrance est terrible au niveau des pieds. Son père la protège au mieux, tente de chercher pourquoi son air devient triste, si les premières envies sexuelles apparaissent, mais en vain. Sa fille est muette. Il y a aussi un petit frère que père et sœur chérissent. Pas de mère !
Lukas Dhont, par petites touches, aborde la sexualité, tel ce baiser échangé par le petit frère de Lara dans la cour de l’école, ou cette scène dans l’appartement d’un danseur et je n’en dirai pas plus.
Mais pourquoi donc étais-je mal à l’aise pendant une bonne partie du film ? Sans doute parce que, ignorant si les danseurs et danseuses évoluant avec Lara savaient qui elle était, je redoutais à tout instant le clash. Il est apparu ensuite que les filles savaient, mais Lukas Dhont ne nous dit rien concernant les garçons. La scène que j’évoquais plus haut dans la chambre d’un danseur peut donc être comprise de plusieurs façons. Et le coup de génie de Lukas Dhont a été de ne pas créer de situations conflictuelles, voire explosives, entre Lara et ses copains/copines de l’école de danse, mais de maintenir le conflit au sein même de Lara, entre son sexe et son genre.
Le film vaut aussi par la relation père/fille, parfois houleuse, parfois pleine de tendresse. On se dit qu’avant, le père a dû faire preuve d’une très grande compréhension vis-à-vis de sa fille (ou plutôt fils) lorsque cette dernière lui a exposé sa volonté : loin des abrutis qui rejettent celles et ceux qui ne sont pas inscrits dans le moule, voilà un père plein de générosité et de hauteur de vue. Merveilleuse interprétation d’Arieh Worthalter.
Victor Polster, âgé de 14/15 ans au moment du tournage, est criant de vérité, touchant avec son petit frère, suscitant la compassion face à ses difficultés pour danser, malheureux car son physique ne change pas assez vite, il a justement reçu le Prix d’interprétation masculine dans la section « un Certain Regard » à Cannes.
Notons enfin, la juste place du titre « Girl », en toute fin du film, car c’est à ce moment que Lara est vraiment une jeune fille radieuse, pas avant.
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