Second spectacle au Centre Dramatique d’Orléans, Séverine Chavrier poursuivant son exploration des compagnies étrangères, « Imitation of life » du hongrois Kornél Mundruczó avec son « Proton Théâtre » fondé en 2009, compagnie indépendante. Le metteur en scène est surtout connu en France comme cinéaste, à ce titre, il est passé par Cannes à plusieurs reprises, et pas plus tard qu’en 2017 en sélection officielle avec « la Lune de Jupiter ». En 2014, il obtient le premier Prix dans la section « un Certain Regard » pour « White God » qui sera le 23 octobre prochain projeté au cinéma des Carmes.
« Imitation of life », pas besoin de traduire, est créé à partir d’un fait divers, un jeune Rom étant agressé à coups de sabre, par un autre jeune de son âge. Après qu’on ait dénoncé cet acte raciste, il s’avère que l’agresseur est aussi Rom. Mundruczó ne juge pas, il constate et nous livre la matière brute. Au spectateur d’en tirer des conclusions.
Le spectacle se divise en 6 tableaux. Le premier, vidéo projetée sur grand écran, montre une femme âgée, laquelle est questionnée par quelqu’un que la caméra ne montre pas. On apprendra plus tard qu’il s’agit d’un huissier de justice. Au début, dans une sorte de dialogue impossible à la Beckett, la femme refuse de donner son nom, sa date de naissance. Peu à peu, elle raconte sa vie faite de dureté et d’un courage exemplaire. On apprend que son mari est décédé depuis peu, que son fils a quitté la maison et qu’il se prostitue, que la famille appartient à la communauté Rom.
La caméra s’est rapprochée du visage de cette femme, qui soupçonne son interlocuteur de vouloir la mettre dehors. L’écran disparaissant, apparaît alors un appartement fait d’une seule pièce, encombrée de tables, chaises, canapé, meubles fixés aux murs, appareils d’électro ménager. Le dialogue entre l’homme et la femme se poursuit jusqu’au malaise de la seconde.
Le troisième tableau est sidérant. Les occupants ayant disparu, l’appartement se met à tourner sur lui-même comme une horloge, très lentement. Tout ce qui n’est pas fixé solidement s’effondre dans un chaos indescriptible. Le spectateur assiste, médusé. C’est le chaos du monde que Mundruczó décrit par cette allégorie époustouflante que rien ne peut arrêter.
Lors des trois derniers tableaux, une jeune femme occupe l’appartement : l’état des lieux et la signature de la convention avec l’huissier nous ramènent à un dialogue impossible, comme l’apposition d’un paraphe avec un stylo dont la pointe se rétracte. Le théâtre de l'absurde rôde encore dans les parages.
Mundruczó examine la société qui l’entoure, plus particulièrement hongroise. Il y a du Milau Rau chez ce metteur en scène, bien que le côté métaphorique soit beaucoup plus développé chez Mundruczó. Il s’attache aux minorités, aux femmes seules, aux enfants déjà détruits par la vie. Spectacle puissant qui ne laisse pas indifférent !
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