« Burning » du sud-coréen Lee Chang-Dong, favori pour la Palme selon de nombreux journalistes et reparti bredouille, était attendu comme le messie. Et le spectateur n’est pas déçu. Une fois de plus, mais cela devient une rengaine, le palmarès de Cannes est incompréhensible.
Adapté d’une nouvelle d’un écrivain japonais, le film construit un triangle autour de trois jeunes coréens, deux garçons et une fille. Jongsu est livreur, mais veut devenir écrivain. Il croise par hasard Haemi, une ancienne camarade de classe dont il tombe un peu amoureux encore que la belle est bien gourmande d’amour. Celle-ci part en Afrique et revient quelque temps plus tard avec Ben rencontré là-bas, au visage d’ange, roulant en Porsche et ne faisant visiblement rien, à part recevoir des amis dans son luxueux appartement, et brûler une serre à la campagne tous les deux mois.
Comment parler du film, sans en dire trop pour ne pas éventer l’affaire ? Tâche difficile qui est la mienne ! Je me contenterai de relever des indices, lesquels mis bout à bout, lèvent le voile sur une intrigue qui pose au spectateur une montagne de questions.
Il y a d’abord Haemi et Jongsu qui boivent un verre dans un café. La belle mime le pelage d’une orange, en déclarant à son ami « qu’il faut voir ce qu’on imagine », ou « qu’il faut imaginer ce qu’on ne voit pas ». Les paroles ne sont peut-être pas exactes telles que je les rapporte, mais l’idée est là. Et c’est fondamental pour la suite.
Il y a aussi l’histoire du roman que veut écrire Jongsu, mais interrogé à plusieurs reprises par Ben, il avoue encore réfléchir aux personnages sans en avoir débuté l’écriture. Il adore Faulkner.
Le feu est aussi omniprésent. Sa mère ayant quitté le foyer alors qu’il était encore enfant, Jongsu se voit contraint par son père de brûler les affaires de sa mère dans un immense brasier dont l’image lui revient en mémoire. Manière de tirer un trait sur le passé et de repartir dans la vie dans une nudité intégrale.
Voilà ! avec cela, libre à chacun de comprendre quelque chose, dans un labyrinthe incandescent que nous propose Lee Chang-Dong, qui multiplie les paysages de soleil couchant, de ciels lumineux, de feuillages agités par le vent, ou celui de ce lac devant lequel Ben semble plongé dans ses rêveries. Lee Chang-Dong prend son temps pour poser ses ingrédients un à un, construire une œuvre cinématographique comme on les adore en provenance de l’Asie. Quant aux trois acteurs, ils participent goulûment au mystère métaphorique où l’imagination est poussée au sublime, où personne ne sait dans quelle strate de la pensée se situe l’action. Saluons enfin la musique envoûtante créée par Mowg qui ajoute un aspect fantasmagorique à l’ensemble.
Le Prix Fipresci décerné à Cannes par un Jury international de critiques vaut Palme d’or !
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