Quand David terrasse Goliath

Matteo Garrone est un habitué du Festival de Cannes. Le réalisateur italien y a remporté deux Grands Prix. Cette année, il permet à Marcello Fonte d’empocher le Prix de la meilleure interprétation masculine, avec « Dogman », prix mérité pour son rôle, mais pas pour le film, à mon sens.

Marcello, le Dogman, c’est un toiletteur pour chiens qu’il peut aussi garder en pension. Il possède une boutique avec cages grillagées, dans une petite ville en bord de mer, le quartier de résidences secondaires apparaissant déshérité, les jeunes errant dans les rues comme partout d’ailleurs.

Mais voilà que survient Simone, sorte de brute complète, qui se fournit en drogue chez notre ami Marcello, et qui le tient totalement sous sa coupe. Il commet un casse dans la maison voisine et envoie Marcello en prison à sa place pour un an. A la sortie, le dogman a bien changé. Le film se subdivise en deux parties, avant la prison et après. Marcello au début est un être faible, sans résistance, acceptant tout sous la contrainte, au physique malingre. Après son séjour en prison, il est devenu retors, exigeant son dû, ruminant sa vengeance, le regard du benêt s’étant changé en fauve prêt à bondir. Les deux interprétations lui ont valu une juste reconnaissance à Cannes.

Pour le reste, si le film se laisse voir, quoique la grande violence puisse rebuter maints spectateurs, la morale est sauve, David terrasse Goliath, le séjour en prison est « rédempteur » pour Marcello.

Reste la fin. Marcello seul au milieu des immeubles, rejeté de tous, un cadavre à ses pieds, c’est l’absence d’avenir dans la société italienne que semble décrire Garrone. Seule sa fille lui reste attachée. Quant aux chiens car il faut bien en parler, ils forment une sorte de public assistant aux combats entre humains. La toute première scène nous montre un chien déchaîné, prêt à mordre que Marcello parvient à amadouer ; la dernière, c’est celle de cette brute humaine que Marcello terrasse. L’homme est pire qu’une bête, semble vouloir nous dire Matteo Garrone. Il a peut-être bien raison !