Le cinéma danois, s’il n’est pas très prolifique, peut faire parler de lui en bien ou en mal avec Lars Von Trier, remporter une double Palme d’or à Cannes avec Bille August, ou carrément présenter un chef d’œuvre avec Carl Dreyer (pensons à la passion de Jeanne d’Arc qui date néanmoins de 1928). Aujourd’hui, Gustav Möller présente « The Guilty », le coupable. Premier long métrage pour ce réalisateur danois, et premier coup de maître.
Un policier dont on comprendra plus tard quel lourd secret il porte, se retrouve à gérer les appels téléphoniques au 112, à savoir les demandes de secours, qui peuvent parfois provenir de personnes en grande détresse, mais aussi de plaisantins. Survient un appel d’une femme qui se dit kidnappée et transportée en voiture par son ravisseur. Bien qu’il contacte la police de la route afin d’intercepter le véhicule, il va établir et maintenir le contact téléphonique avec le ravisseur, la femme kidnappée et la petite fille de cette femme, et ainsi comprendre le drame qui se joue.
Gustav Möller nous offre un huis clos parfait puisque la caméra ne quitte pas un instant cet homme, devant son écran d’ordinateur et jonglant avec les téléphones. Seuls, ses collègues apparaissent dans le champ de la caméra. Oser un tel scénario et le réussir au plus haut point relève de l’art cinématographique. La caméra à l’épaule scrute le policier, son visage, marquant des pauses durant lesquelles on le suppose s’interrogeant sur lui-même, s’attardant à plusieurs reprises sur une main munie d’un pansement – mais qu’a donc fait cette main, s’interroge le spectateur ? Quant à la prestation de Jakob Cedergren, sur l’écran pendant près d’une heure et demie, elle relève de la haute précision, tant chaque détail de son visage illustre parfaitement ses problèmes de conscience.
N’aimant pas le mot thriller, je ne l’emploierai pas. Mais long métrage policier où les relations humaines sont secouées au travers des communications téléphoniques dans un exercice digne de la haute couture.
Ah, j’oubliais ! Gustav Mölleren situant un hôpital psychiatrique à Elseneur, dresse un parallèle avec l’interrogation d’Hamlet : faut-il dire la vérité, ou recourir à la corruption pour la taire ? Dilemme du policier.
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