Dernier long métrage des frères Paolo et Vittorio Taviani, du moins pour le scénario, puisque le second, l’aîné, déjà malade pendant le tournage auquel il ne put assister, est décédé depuis : « Una questione persona » qu’on traduit par « Une affaire personnelle ».
Dans le Piémont (quelle région magnifique), en 1944, Milton, c’est le surnom d’un beau jeune homme, se bat parmi les résistants contre les « cafards », nom donné aux fascistes, qui, s’ils refluent, massacrent hommes, femmes et enfants sur leur passage. Il se souvient qu’un an ou deux auparavant, dans une luxueuse villa, lui, son ami d’enfance Giorgio, et Fulvia, une splendide jeune fille, coulaient des jours heureux. Les Taviani nous offrent quelques instants de délicatesse quant aux rapports qui unissent les trois : on devine, on suppose, mais on n’est sûr de rien, tant les frères délivrent les sentiments amoureux avec une extrême sensibilité.
Milton aime Fulvia, mais n’ose le lui dire… Plus tard, il apprendra par hasard que Giorgio et la femme qu’il aime ont passé en son absence, des nuits heureuses, mais « sans rien faire de mal », lui dit-on. Quant aux rapports entre les deux garçons, l’amitié était grande, mais peut-être y avait-il plus que de l’amitié. On ne saura pas.
Milton part à la recherche de Giorgio, son ami, dont il apprend qu’il a été fait prisonnier par les « cafards ». Il fera tout pour l’en sortir. In fine, devant l’échec de son entreprise, il est prêt à mourir, mais la mort ne voudra pas de lui.
Les frères Taviani nous offrent des séquences mémorables, car empreintes d’une beauté sensuelle : je pense à ce cafard prisonnier des partisans, qui se prend pour un batteur, et dont la musique hante les oreilles de Milton jusqu’à la mise à mort ; la petite fille qui se réveille au milieu de sa famille massacrée, qui va boire un verre d’eau, puis se rendort près de sa mère ; Milton retrouvant par hasard ses parents, les embrassant l’espace d’une seconde, puis disparaissant ; Fulvia grimpant dans un arbre, sa jupe s’envolant au vent, et Milton baissant les yeux, plein de pudeur ; enfin, cette scène où Milton, chemise blanche, court, espérant la mort qui ne vient pas… Et tant d’autres pleines de délicatesse, comme les frères Taviani savent (savaient ?) le faire.
Luca Marinelli offre une interprétation magistrale du rôle de Milton, dont les sentiments ambigus vis-à-vis de Fulvia et Giorgio inondent le film. Sans doute une œuvre testamentaire des deux frères Taviani réalisée avec une intelligence cinématographique rare.
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