jeudi 17 mai 2018

Féminisme avant l'heure

L’ATAO proposait son dernier spectacle de la saison au théâtre Gérard-Philipe à la Source, avec « une Maison de poupée », pièce écrite par le dramaturge norvégien Henrik Ibsen en 1879.

On sait que le drame a généré un scandale au pays. Ibsen remet en cause toutes les valeurs bourgeoises de la famille traditionnelle. Nora a trois enfants et un mari promis à la direction d’une banque. Tout pourrait aller dans le meilleur des mondes possibles si elle n’avait pas contracté 8 ans auparavant, un emprunt auprès d’un subalterne de son mari en faisant croire à ce dernier que l’argent venait de son père à elle. Et comme le mari veut licencier son subalterne, la vérité éclate, ou plutôt explose.

Nora est une femme qui a toujours été considérée selon les cas, par son père d’abord, puis par son époux, comme un jouet, un petit animal, une alouette, un objet, ou tout ce qu’on voudra, mais surtout pas comme un être humain, et par son mari, comme une femme. Devant s’occuper des enfants, avec le peu d’argent qu’elle reçoit de son mari, elle achète, gâte les enfants et le mari. Mais lorsque celui-ci la rejette après avoir découvert ses mensonges, elle prend conscience de son statut d’esclave, se rebelle, et quitte mari et enfants, afin de devenir une femme libre, debout, responsable.

Philippe Person du Lucernaire parisien, met en scène la pièce du dramaturge norvégien. Si l’on peut regretter une scénographie quelque peu faiblarde, on aura juste de la neige qui tombe des cintres et un sapin sur le côté qui s’allume et s’éteint par moments, la pièce se déroulant à Noël, Person a confié le rôle de Nora à Florence Le Corre, jeune femme à la chevelure rousse.

Florence Le Corre est une Nora désinvolte, immature, ignorant ou faisant mine d’ignorer les conséquences de chacun de ses actes, souvent sur la scène dans une attitude des plus maniérées, attentionnée pour son mari, et semblant faire preuve d’une totale irresponsabilité. Parfois affolée à l’idée que son mari apprenne ses dettes, l’instant d’après complètement tranquille lorsque son amie Linde la rassure, elle inonde la scène de tout son talent de comédienne. Dans la dernière partie de la pièce, elle se transforme subitement en une femme mature, inflexible devant les supplications de son époux, déterminée à prendre un nouveau départ dans sa vie. Totale transformation chez Florence Le Corre ! On comprend alors pourquoi la pièce d’Ibsen a provoqué un tel scandale, dans la bonne bourgeoisie du 19ème siècle.

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