Faut-il aller voir « L’homme qui tua Don Quichotte », annoncé comme l’évènement planétaire à Cannes en clôture du Festival ? Terry Gilliam a mis 25 ans pour le terminer, encore que la justice se penche sur les relations entre le réalisateur et un ancien producteur, c’est d’ailleurs ce qu’on nous dit dans une annonce préalable.
Nous sommes en Espagne, là où le soleil tape dur sur les cailloux, la végétation est absente. Don Quichotte survient sur son cheval, aperçoit un moulin à vent qui bat des ailles, croit voir des géants, se précipite et est emporté dans les airs. On connaît l’histoire. Brusque coupure ; on tourne un film, dans des décors dignes de Disneyland. Le réalisateur, c’est Toby (Adam Driver), qui se souvient alors d’un premier court métrage qu’il a tourné 10 ans auparavant, au même endroit, en N&B, avec le héros castillan. Sautant sur une moto, il rejoint le village où il a tourné autrefois, retrouve le père d’une actrice du film, se remémore une procession catholique, déniche le vieil acteur (Jonathan Pryce) qui tint le rôle titre. A partir de ce moment, le film va obliquer vers le fantastique, les deux complices voyageant sur leurs montures, traversant une mystérieuse grotte, rencontrant des exilés marocains, pour finir leur course dans un château fort où tous les personnages sont costumés, on dira 16ème, où l’on organise une fête au style surréaliste. Ici, le malaise s’installe : un milliardaire russe règne sur la maisonnée entouré de gardes du corps, et considère la femme comme une esclave. In fine, on se croirait chez Gulliver, au pays des géants, et pas n’importe lesquels, d’affreux géants tout bouffis de graisse.
C’est beau, magnifique, plein de talents cinématographiques. Le problème, c’est que question humour, il n’y a pas l’ombre d’une plaisanterie, on ne rit pas, on ne sourit pas. N’allez pas non plus chercher quelque compassion ou empathie. Quant aux dialogues, c’est un peu plat. N’essayez pas non plus de comprendre la trame de l’histoire, ce serait peine perdue. C’est juste beau à l’œil ! Ce qui n’a donc plus rien à voir avec les Monty Python dont Terry Gilliam était un des piliers.
Donc, pour répondre à ma question, si vous aimez le fantastique, allez-y. Laissez-vous bercer par la photographie due à Nicola Pecorini, les costumes de Lena Mossum, on peut les citer tous deux, et rien de plus. Mais abstenez-vous si vous espérez retrouver le style Python. Vous feriez fausse route !
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