mercredi 18 avril 2018

Y a-t-il une vérité dans un crime ?

Hirokazu Kore-Eda est un cinéaste nippon prolifique. Régulièrement présent au Festival de Cannes, on se souvient encore récemment de « Après la tempête », « Notre petite sœur » et « Tel père, tel fils ». Sort sur les écrans « The Third Murder », thriller psychologique sans pratiquement aucune scène d’action si ce n’est la scène de crime au tout début.

Kore-Eda traite du thème de la vérité, où se situe-t-elle, est-elle la même pour tous, peut-on porter jugement sans la connaître ? Certains pourront regretter de n’avoir pas de certitude sur tout au final, mais Kore-Eda part du principe que dans la société, on n’a pas réponse à tout, ce qui est parfaitement vrai.

Un homme est accusé d’un meurtre après en avoir commis deux autres trente années auparavant. Une équipe de trois avocats est chargée de le défendre afin de lui éviter la peine de mort. L’un d’eux, perspicace, cherche à comprendre et découvre des morceaux de vérité sans pour autant pouvoir en reconstituer le puzzle. Kore-Eda nous distille des fragments d’informations tout au long des deux heures que dure le long métrage. In fine, le spectateur n’est certain de rien, il peut penser savoir où se situe la vérité sans en être absolument sûr, d’autant que la petite fille de la victime déclare à l’avocat, après le jugement, dans le palais de justice, qu’ « ici, personne ne dit la vérité ». Alors ?

Le rôle du principal avocat est tenu par Masaharu Fukuyama qu’on avait vu dans « Tel père, tel fils », la jeune fille étant Suzu Hirose qui était « la petite sœur ». Cette dernière, dans le film gravement handicapée à une jambe, et dont Kore-Eda ne nous dira pas où est la vérité, est extrêmement touchante, notamment quand elle raconte à l’avocat, sa vie avant le meurtre de son père. Mais les images les plus fortes sont indubitablement celles où l’avocat rencontre son client au parloir : Kore-Eda place la caméra au niveau de la cloison qui les sépare, la séquence mérite d’entrer dans le Panthéon des images cinématographiques.

On pourra regretter néanmoins que Kore-Eda ne dresse pas le procès de la peine de mort, celle-ci étant encore appliquée dans le pays du soleil levant. Sauf si on veut bien lire entre les lignes.

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