Quatrième spectacle de la saison théâtrale pour l’ATAO avec « un Démocrate » à la salle Gérard Philippe à la Source.
Julie Timmerman a entrepris de nous faire connaître la vie d’Edouard Bernays, nom qui ne dit rien à personne. Et pourtant, il aura été l’un des personnages les plus influents outre atlantique jusque dans les années cinquante en matière de propagande. C’est en effet Bernays qui en a jeté les bases avant que les grands groupes publicitaires ne reprennent sa thèse à l’échelle mondiale.
Neveu de Sigmund Freud, et formé à la psychanalyse par l’oncle, il comprend avant tout le monde le processus qui conduit un peuple à acheter tel produit, à se comporter de telle façon, à se vêtir de telle autre, jusqu’à approuver une guerre, non pas en martelant un concept ou un mot d’ordre, mais en les contournant adroitement afin que les gens pensent que l’idée vient d’eux-mêmes. Il aura poussé les femmes à fumer en public, aidé la CIA à renverser au Guatemala un gouvernement peu favorable aux intérêts financiers US, jusqu’à voir son livre sur la table de chevet de Goebbels, ministre de la propagande du IIIème Reich.
Ils sont quatre sur scène, Julie Timmerman, auteure, metteure en scène et actrice, Marie Dompnier très connue par les amateurs de séries policières à la télé, Mathieu Desfemmes et Jean-Baptiste Verquin. Tour à tour, ils sont Bernayes, l’oncle, l’épouse, très féministe et avant-gardiste, que le tabac aura tué. Intelligemment, la pièce s’ouvre et se termine sur les quatre qui scrutent le comportement des passants, lesquels doivent absolument répondre à la volonté des fabricants d’idéologie, et surtout ne pas penser par eux-mêmes. Car ô désastre si les quatre aperçoivent un individu sortant du cadre et voulant utiliser son cerveau, à savoir penser !
Très belle scénographie due à Charlotte Villermet, dont la dernière image, le mur du fond qui s’effondre dans un nuage de poussière, peut prêter à métaphore. Du bon travail avant une trentaine de représentations à Paris en mai/juin, après le mois de juillet 2017 passé à Avignon ! Julie me dira qu’un retour en la cité des Papes eut été merveilleux, mais le budget ne le permettra pas.
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