Une parabole écologique

Kiyoshi Kurosawa est décidément un génie ! Son dernier film, « Avant que nous disparaissions » est une parabole écologique, un dernier appel à l’humanité pour sauver la planète victime de la folie des hommes qui pillent les ressources de la terre, qui polluent l’atmosphère, dont les puissants entretiennent les guerres, dans une course effrénée que rien ne saurait arrêter. Il faut dire que les Japonais, depuis les deux bombes nucléaires en 1945 et plus récemment, la centrale de Fukushima, ont de quoi craindre le pire.

Kurosawa est malin : il contourne l’idée qu’il veut développer et a recours à la science-fiction. Trois extra-terrestres ont débarqué au Japon, pris forme humaine en s’emparant des corps de trois homos, aspirent les concepts des terriens (la famille, le moi, le travail, la propriété, l’amour) car ils ne savent rien des sentiments humains ou pas grand chose, et préparent le débarquement massif. Un journaliste se prend d’amitié pour l’un d’eux. L’épouse d’un des humains dont on a pris le corps ne veut pas abandonner le second. Quant à la troisième, c’est une furie qui tue tous ceux qui viennent la gêner. Voilà pour le scénario.

On retrouve dans le long métrage (plus de deux heures) du cinéaste nippon, des allusions à certains films, tel le discours du journaliste, monté sur un muret, qui harangue sans succès la foule afin qu’elle se révolte contre les envahisseurs, c’est le discours de Chaplin dans « le Dictateur », ou le même, plus tard, sous les bombes, tel le docteur Folamour de Kubrick.

In fine, l’invasion sera stoppée, Kurosawa déclarant : « l’humanité est coriace ! ». Il entrouvre ainsi une porte vers une planète Terre où l’homme aurait enfin pris conscience du danger, mais in extremis.

Que dire de plus de ce dernier film dont on aurait bien tort de ne voir que le côté science-fiction : les acteurs sont excellents, la photographie l’est tout autant, notamment lors du bombardement final. Allez, vivement le prochain Kurosawa !