Le cinéma brésilien, même s’il se fait relativement rare sur nos écrans de cinéma, offre toujours de jolies perles. Je pense à Fellipe Barbosa avec « Gabriel et la montagne », Kleber Mendonça Filho avec « Aquarius » et « les bruits de Récife », Gabriel Mascaro avec « Ventos de agosto ».
Arrive sur nos écrans, « les Bonnes Manières » de Juliana Rojas et Marco Dutra. Si rien dans le titre ne peut suggérer le contenu du film, et quasiment rien dans la bande-annonce, sauf une image fugitive, il vaut mieux avoir le cœur bien accroché et donc ne pas être cardiaque. Le film débute calmement : une jeune femme noire répond à une offre d’emploi et se rend au domicile d’une jeune femme blanche habitant un appartement richement meublé, enceinte, laquelle recherche quelqu’un sachant un peu tout faire, et surtout s’occuper d’elle. Très vite, la nouvelle bonne constate que sa patronne est sujette à des crises de somnambulisme particulièrement sanglantes. La suite ne peut se raconter, sauf à dire qu’on plonge dans le cinéma fantastique et son corollaire, l’horreur. En un mot, il s’agit de loup-garou. Voilà, j’ai tout dit !
Ceci dit, le film de deux heures dix recèle de magnifiques images de Sao Paulo de nuit, un très beau jeu des deux actrices, Marjorie Estiano, la femme blanche et Isabél Zuaa, la femme noire, dans une sorte de pas de deux dansé, des complaintes dont il faut suivre les paroles chantées tant le texte apparaît prophétique, et surtout l’enfant-animal, qui avec sa mère adoptive, forment une ultime image de toute beauté face à la meute. La meute, ce sont ceux qui n’acceptent pas celui qui est différent des autres, ceux qui rejettent celui venu d’on ne sait où. Evidemment, pour Rojas et Dutra, le loup garou doit être perçu comme une métaphore de la différence, du handicap par exemple..
Le film a obtenu un Prix spécial lors du dernier festival de Locarno, prix entièrement mérité.
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