jeudi 15 mars 2018

Un instant mémoriel d'une grande beauté

Photo©Frédéric_Iovino
Revoilà de nouveau, le CCN de Tours dans les murs du théâtre d’Orléans, avec celui qui en est devenu le Directeur, Thomas Lebrun, lequel a succédé en 2012 à Bernardo Montet, après les emblématiques Jean-Christophe Maillot et Daniel Larrieu.

Thomas Lebrun produit beaucoup, alors il essaie de se souvenir. Quoi de plus normal de se retourner vers le passé pour mieux appréhender l’avenir. Sur scène, trois danseurs de l’équipe du chorégraphe, qu’on a déjà appréciés les années précédentes, entre autres dans « Lied ballet » créé en Avignon : Anne-Sophie Lancelin qui en 2013 dansait « la Jeune fille et la mort », toujours aussi envoûtante ; Anne-Emmanuelle Deroo, avec un fort attachement à Daniel Larrieu puisqu’on l’a vue dans « Avant toutes disparitions » ; Raphaël Cottin, danseur et chorégraphe qui accompagne Thomas Lebrun depuis fort longtemps déjà, qu’on a vu sur scène à de nombreuses reprises et qui enseigne la technique des Barres Flexibles de Wilfride Piollet.

Sur la musique de Philip Glass, « Another look at harmony », d’où le titre du ballet, musique minimaliste avec voix, on aime ou on n’aime pas, mais il faut bien reconnaître que le compositeur US a fourni maintes compositions pour la danse contemporaine. Pour ma part, il me semble que cette musique colle parfaitement à la chorégraphie de Thomas Lebrun, on aurait parfois tendance à croire qu’elle a été écrite en fonction du ballet, et non l’inverse.

Ils sont donc trois sur le plateau entièrement nu, le sol partagé par des bandes de lumière pastel : les bras épousent des formes géométriques, semblant aller chercher la mémoire de la danse, encadrant la tête dans un carré de bras, là où réside l’histoire des ballets créés par Thomas Lebrun. Les gestes sont d’une rare fluidité, d’une extrême précision. Parfois, l’un des trois quitte le trio dans un mouvement différent pour revenir aussitôt rejoindre ses deux compagnons. Le mouvement s’accélère, les portés sont d’une légèreté aérienne. Dans la seconde partie du ballet, un quatrième danseur se mêle aux trois autres, Maxime Aubert, intégré très récemment au CCN de Tours et dont c’est le premier ballet dansé avec la compagnie. Lui, sans mémoire aucune, est accueilli pour former un quatuor. C’est le carré entrevu au début du ballet.

Le public est totalement conquis. En une bonne heure, fruit d’années de travail chorégraphique, Thomas Lebrun nous a offert un instant mémoriel d’une grande beauté.

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