vendredi 30 mars 2018

La folie selon Maupassant

Le Théâtre Clin d’œil programmait ce jeudi soir, « le Horla », d’après la nouvelle de Guy de Maupassant, adapté par la Compagnie « les Idées mobiles », basée à Meung sur Loire. Aline Dubromel en est la Directrice artistique et metteure en scène au sein d’une petite équipe qui défend « la recherche artistique, l’expérimentation et le croisement de diverses techniques comme le théâtre, la danse, le clown, la musique, le maquillage, l’art graphique, la vidéo ».

Guy de Maupassant écrit le Horla en 1886.
La nouvelle court du 8 mai au 10 septembre, quatre mois au cours desquels Maupassant décrit la folie humaine. C’est le récit d’un homme, vivant entre Rouen et le Havre, le long de la Seine dans la demeure de ses ancêtres, et qui l’incendie en tuant ses domestiques, car victime d’hallucinations, il croit, après le passage d’un voilier brésilien sur le fleuve qu’un étranger (le Horla) hante sa maison la nuit. Il finit par n’entrevoir comme seule et unique solution, que le suicide. C’est plus ou moins un roman annonciateur de la maladie de l’auteur et de sa mort à 43 ans. Mais le texte est aussi une réflexion politique lorsque Maupassant méprise le peuple que l’on peut manipuler à sa guise : « Le peuple est un troupeau imbécile, tantôt stupidement patient et tantôt férocement révolté. On lui dit : « Amuse-toi. » Il s’amuse. On lui dit : «Va te battre avec le voisin. » Il va se battre. On lui dit : « Vote pour l’Empereur. » Il vote pour l’Empereur. Puis, on lui dit : « Vote pour la République. » Et il vote pour la République. » Les temps ont-ils changé ? Dans une version plus moderne, on lui dirait : « Enivre-toi de foot » et il ne penserait qu’au foot !

Sur scène, un portique supportant des bandes de tissu blanc et coulissant d’avant en arrière. Lorsque le rideau est placé à l’avant du portique, des jeux de lumière créent des ombres chinoises d’une grande beauté, gérées me semble-t-il par deux jeunes femmes, tout de blanc vêtues, situées de part et d’autre du plateau. Lors de l’incendie final, une vidéo aux tons chauds, incandescents, forme le plus bel effet, d’où l’acteur semble émerger, tel Thésée sortant des Enfers.

L’acteur, c’est Yann Szpak, éblouissant au sein du petit plateau délimité par le portique, telle une chambre close d’un hôpital psychiatrique. Il nous offre ce beau texte de Maupassant avec une verve toute personnelle, tantôt s’enroulant dans un drap, tantôt disparaissant derrière le rideau blanc, tantôt effondré par terre, tantôt rayonnant car se croyant guéri au retour d’un voyage. Son visage reflète tous les sentiments les plus contradictoires qui traversent l’homme halluciné. C’est un grand et beau jeu théâtral sur un texte d’auteur classique.

Un grand bravo à toute l’équipe des « Idées mobiles ».

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