Feydeau a beaucoup écrit, chez lui, puis à partir de 1909, à l’hôtel Terminus à Paris. Aujourd’hui, vouloir écrire à la manière de Feydeau relève d’un certain courage, ce qu’a entrepris la Compagnie « le Grand Souk » dirigée par Manouchka Récoché, en créant « Vivent les Mariés », comédie en trois actes, et avec quelle réussite !
« Le Grand Souk », c’est une compagnie composée en grande partie d’artistes orléanais, lesquels constituent une joyeuse équipe de copains et copines, tant chanteurs, danseurs, acteurs, qui composent leurs spectacles au gré du vent…
Leur avant dernière création, « Vivent les Mariés », c’est un homme, Barillon, qui doit se marier avec une jeune femme, Clarisse, qui ne l’aime pas, mais qui en aime un autre, bien plus jeune. Lui, Barillon, a aimé ou aime encore Rachel, pas la tragédienne, non, l’autre, laquelle est persuadée que son mariage avec Barillon est pour l’après-midi. Il y a aussi la mère de Clarisse qui passe son temps à faire des bisous à son futur gendre. De quiproquos en controverses, voici Barillon marié avec la belle-mère. Comment va-t-on démêler tout cela, peut-on se demander ?
En fond de scène, une dizaine de portes, qui s’ouvriront toutes ou presque pour laisser entrer ou sortir les 7 acteurs/actrices, deux petites tables côtés cour et jardin, un grand tapis rouge an centre, enfin un fauteuil.
Le texte, puisé dans les vraies pièces du théâtre de Feydeau, sorte de puzzle qu’on aurait agencé avec beaucoup d’ingéniosité, est propice à une mise en scène sans temps mort, joué avec une vivacité propre aux textes de Feydeau, où les répliques s’enchaînent à très grande vitesse. On a droit aussi, m’a-t-il semblé, à quelques clins d’œil réjouissants, adressés à Michel Audiard , le roi dans ce domaine, Hergé avec le personnage de Nestor, copié-collé du majordome de Moulinsard, et peut-être aussi à Shakespeare et sa mégère apprivoisée.
Mathieu Jouanneau, que j’avais vu récemment dans des diablogues, est un excellent Barillon, sachant naviguer entre ces trois femmes, et user de stratagèmes afin de les duper lorsque le besoin s’en fait sentir. Manouchka et Lola Récoché forment un couple mère et fille, parfaitement maîtrisé. Mais c’est surtout Aimée Leballeur dans le rôle de Rachel qui explose littéralement, en surjouant fortement et s’éclatant sur scène avec raison, on est ici chez Feydeau ou son double, pas chez Tchékhov. Ajoutons Kristof Legarff, Pierre-Michaell Thoreau et Fred Le Lay qui complètent la fine équipe.
Du très beau travail de mise en scène, sur un texte où Feydeau ressurgit de sa boîte, ou des 10 portes qui claquent comme on voudra, une musique très rythmée, et un public particulièrement ravi. Du « Feydeau qui n’existe pas », mais qui n’est pas loin de valoir « l’Hôtel Feydeau » de Lavaudant, joué l’année passée à l’Odéon. Référence !
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