Quand le passé du Liban ressurgit...

Le Liban, dont le cèdre est l’emblème, terre de contrastes, au carrefour du Moyen-Orient, , pays ravagé par la guerre civile confessionnelle dans les années 70/80, ne laisse pas indifférent quant à sa production cinématographique rare, mais ô combien attachante. « L’insulte » du réalisateur libanais Ziad Doueiri en est une nouvelle illustration, après « la Vallée » de Ghassan Salhab sorti en 2016.

A Beyrouth, une entreprise est chargée de rénover la voirie. Une gouttière fuit sur le trottoir, on essaie de la réparer, le propriétaire s’y oppose, et d’insultes en coups de poing, on se retrouve au tribunal, puis en appel, à tel point que c’en est devenu une affaire d’état où la violence se déchaîne sans que le Président de la République ne puisse réconcilier les antagonistes. La raison, l’un est chrétien libanais, l’autre réfugié palestinien.

Si le premier procès déclenche les sourires, le second avec avocats fait ressurgir les passés de l’un et de l’autre, confrontés aux massacres perpétrés par les deux communautés. Ziad Doueiri, s’il a bâti son scénario sous la forme d’un conte, les deux avocats, père et fille, défendant chacun un camp, semble ne plus savoir comment réconcilier les différentes communautés, tant le passé est porteur d’horreur. On discerne cependant quelques lueurs d’espoir chez l’un et l’autre, par exemples lorsque chacun est consterné par les méthodes de leur avocat pour gagner le procès. La dernière image, quand le chrétien libanais et le palestinien se jaugent du regard à la sortie du tribunal, leurs visages exprimant un début de compréhension réciproque, est aussi porteuse.

Voilà un film politique particulièrement bien construit, en aucune manière manichéen, le réalisateur tentant d’établir un équilibre entre chaque camp. Et ceci est manifestement très difficile. Ajoutons un groupe d’acteurs/actrices très investis, un travail remarquable du directeur de la photographie, et de très belles images de Beyrouth vu du ciel.