Le théâtre de la Tête Noire et l’ATAO étaient associés cette semaine pour proposer « Quitter la Terre », pièce écrite et mise en scène par Joël Maillard de la compagnie SNAUT basée à Lausanne, et coproduite par la Fédération d’Associations de Théâtre populaire dont fait partie précisément l’ATAO.
Ils sont deux sur scène, Joël Maillard et sa complice Joëlle Fontannaz, les deux « Joël/Joëlle » s’appelant parfois par leurs prénoms respectifs pendant la pièce, histoire d’appuyer sur la complicité des deux artistes, qui semble bien réelle sur scène.
Le colloque étant ouvert, on passe aux choses sérieuses. Dans un carton, on exhibe un document, ou même plusieurs, illustrant le projet d’un savant, d’envoyer dans l’espace, un millier de terriens dans un cylindre, le reste de l’humanité étant appelé à disparaître de la planète en voie de pourrissement et de destruction, la reproduction des humains étant stoppée. Nous voilà visitant ce cylindre, le dortoir, la bibliothèque sans livres, le jardin, les douches sans cloisons, l’accouchement (ben oui parce qu’on fait quand même l’amour là-haut !) tels les animaux parce qu’on est dépourvu de tout, jusqu’à un sas afin d’évacuer des macchabées dans le cosmos.
Les deux Joël/Joëlle utilisent la vidéo, sur grand écran, très belles réalisations numériques en Noir et Blanc, notamment la dernière en toute fin de spectacle, avec les deux artistes que l’on devine telles des silhouettes dans la brume.
Le texte est dense, peut-être un peu trop ; on peut prendre leur histoire pour une jolie fable, mais aussi une allégorie des riches qui fuient le monde, la misère, les migrants, tous ceux qui sont différents, pour tomber dans un univers dépourvu de tout, sans âme, sans culture, sans fraternité. Car la fuite devant la difficulté, la réunion entre soi de ceux qui possèdent, ne peuvent déboucher que sur l’échec, et une société cloisonnée, immanquablement condamnée à régresser.
Voilà deux jeunes acteurs pleins d’allant, une pièce qui pour ne pas être un chef d’œuvre n’en est pas moins intéressante et pleine d’idées de mise en scène, en prise avec le futur de la planète.
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