En 2015, Naomi Kawase nous avait éblouis avec ses « Délices de Tokyo », sortes de petits gâteaux qu’on achète dans des baraques sur les trottoirs nippons. A Cannes en 2017, elle a offert aux festivaliers, « Vers la lumière », sorte de poème allégorique, qui sort cette semaine sur les écrans français.
Dans la première partie du film, Naomi Kawase, sans qu’on sache trop où elle veut en venir, pose ses pions sur l’échiquier. Nous assistons, au sein d’une commission, à un débat relatif à l’audio-description d’un film. Il y a là Misako, jeune et très jolie femme, laquelle est chargée précisément d’écrire le texte, et Masaya, plus âgé, photographe de profession, travaillant avec un ancien Rollei argentique, et mal voyant. On découvre plus tard dans un village, la mère de Misako, atteinte sans doute d’Alzheimer. Cette première partie est ornée de réflexions philosophiques sur la vie et la mort, qui donnent au film, un côté un peu passif.
Survient alors un élément perturbateur dont je ne parlerai pas, lequel permet à Naomi Kawase de développer plusieurs thèmes, notamment celui des relations entre Misako et Masaya au travers de la cécité du photographe, baignés par les couleurs des soleils couchants au Japon.
Naomi Kawase s’est entourée d’un duo d’acteurs de tout premier plan : Masatoshi Nagase qu’on avait déjà vu dans les Délices de Tokyo, superbe en photographe aveugle, et Ayame Misaki, qu’on ne connaissait pas encore, dans un rôle, celui de Misako, plein de douceur, de bonté, d’affection.
A ne pas manquer, la dernière image, enchâssée dans le générique de fin, celle de la projection du film en audio-description pour un public ravi et non-voyant.
Allégorie disais-je, parce que la mort d’un photographe, c’est de ne plus voir, comme celle d’un écrivain, de ne plus pouvoir écrire.
On sort de ce dernier film de Naomi Kawase, repartie bredouille de Cannes, totalement bouleversé par tant de beauté, de compassion envers ce photographe dont, dit-il, l’appareil Rollei est son cœur.
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