Le théâtre de la Tête Noire à Saran, dont le Directeur artistique est Patrice Douchet, présentait « Violences conjuguées », sorte de psychanalyse personnelle de et par Bryan Polach.
Le théâtre n’a jamais eu comme finalité de servir un message aux spectateurs. De tous temps, de Shakespeare à Tchekhov en passant par Molière, les grands dramaturges ont présenté sur scène, des personnages tels qu’ils sont, à l’état brut. Reste ensuite au public à en tirer des conclusions s’il le désire. Il fallait le dire en préambule…
Bryan Polach est artiste, acteur de théâtre, un peu metteur en scène, présent épisodiquement au cinéma et à la télévision. Il traîne derrière lui un passé familial qu’il a voulu regarder en face et présenter sur scène. Il est allé, avec sa compagne, interroger et interviewer sa famille, sa mère, ses demi-frères et sœurs, son parrain, et son père biologique qu’il a plus ou moins renié au profit de celui qui l’a éduqué plus tard. Car tout ne fut pas rose, lors de ses deux ou trois premières années de sa vie, dans cet univers familial qu’il nous raconte, seul en scène, tenant les rôles des uns et des autres. Ce père à qui il aurait voulu dire « Je t’aime papa », mais auquel il n’a pas pu prononcer ces paroles.
Cela commence par un coup de tonnerre, les dieux entrouvrent le passé familial. Polach conduit sa voiture, sa compagne lui enjoignant de ne pas répondre à un automobiliste provocateur, il donne la parole au clan familial, raconte… et c’est dur, quand sa mère explique le pourquoi de ses doigts cassés, tou en semblant excuser, ou quand la famille a été braquée par le père, 357 magnum au poing, arme qu’il offrira plus tard à son fils ! le tout avec une certaine dose d’humour, parce qu’il faut bien vivre. Son récit est parfois interrompu par quelques éléments de chorégraphie, lesquels permettent au public, mais aussi à Polach, de respirer.
Alors, on pense inévitablement à ce beau film d’Anne Fontaine, où Marvin issu lui aussi d’un milieu social défavorisé, s’en sort grâce au théâtre, art qui semble dans les deux cas servir de thérapie.
A l’issue du spectacle, Bryan Polach, sa compagne et metteure en scène Karine Salher et leur bébé, rencontrent le public, dans un échange de haute tenue, lequel forme avec le spectacle, un ensemble qui me semble indissociable. L’un ne me semble pas aller sans l’autre. Et le tout est fort intéressant !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.