samedi 27 janvier 2018

Un drame social dans une jeunesse en perdition

Le Festival d’Avignon, en 2016, programmait à destination du public jeune, mais pas seulement, « Truckstop », drame social écrit par l’auteure néerlandaise Lot Vekemans, et mis en scène par Arnaud Meunier, Directeur du CDN de Saint-Etienne. Il était donné en cette fin de semaine à la Tête Noire de Saran, ce qui semble être sa dernière représentation.

Truckstop, littéralement stop camion, c’est un hôtel restaurant pour routiers, qui ne voit plus passer grand monde, concurrence d’un établissement moderne dans le coin. Il est tenu par une femme plus très jeune, et sa fille qui vient d’avoir tout juste 18 ans, donc majeure. Passe un jeune routier pour qui la fille du restaurant en pince sacrément, et qui rêve d’acheter un camion qu’il a déjà dessiné et mis en couleur. Mais l’argent manque. Justement, son amoureuse en a, laquelle ne désire qu’une chose, quitter le foyer familial et partir sur la route avec son mec et la lanterne qu’il lui a offerte.

Mais sa mère ne l’entend pas ainsi, et ce pour quatre raisons : elle a besoin de sa fille pour faire fonctionner le restaurant, celle a besoin de l’argent de sa fille pour rénover le restaurant, elle sait que sa fille est malade, en proie à des crises subites, et veut la protéger, enfin elle se méfie de ce jeune routier, sans argent, un peu illuminé.

Très tôt dans la pièce, on en connaît le dénouement, sans qu’on puisse expliquer grand-chose. Tout au long du spectacle, des éléments de réponse nous sont fournis, sorte de puzzle, dans un va-et-vient continuel, les acteurs s’adressant parfois au public pour parler du passé ou du futur. Façon d’amener le public à se poser des questions, et c’est plutôt réussi. Surtout que les deux jeunes acteurs, issus de l’école de la comédie de Saint-Etienne, Manon Raffaelli et Maurin Olliès, sont d’une extrême justesse dans leur rôle, bien encadrés par Claire Aveline qui n’en peut manifestement plus face à une jeunesse éprise de liberté.

Drame social disais-je, que je préfère au mot polar à la connotation un peu péjorative. Drame social parce que tous les ingrédients du mal vivre, du mal être, sont ici réunis, ingrédients qu’on retrouve trop souvent dans notre société où il y a ceux qui réussissent, et ceux qui restent à la porte du progrès, tels ces deux jeunes qui rêvent d’un avenir qui ne saurait être tendre pour eux.

Belle et intelligente mise en scène d’Arnaud Meunier dans ce huis clos où le drame rôde et prend dans sa tenaille une jeunesse en perdition.

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